Le Fonds des Nations unies pour l'enfance (UNICEF) a mis en garde, mercredi, contre une "catastrophe" dans la bande de Gaza si Israël mène une opération militaire à grande échelle dans la ville de Rafah.
C'est ce qui ressort d'une tribune du porte-parole de l'UNICEF, James Elder, publiée par le journal britannique The Guardian.
Dans l'article, Elder condamne le ciblage des travailleurs humanitaires par Israël dans les territoires palestiniens.
“Il y a quelques semaines à peine, le monde condamnait le meurtre insensé de sept travailleurs humanitaires dans un convoi de World Central Kitchen. C’était un autre événement sombre pour Gaza”, a-t-il déclaré.
Et Elder d'ajouter : "Une semaine plus tard, un véhicule de l'UNICEF a, de nouveau, été bombardé alors qu'il tentait d'atteindre ceux qui avaient désespérément besoin d'aide. La colère suscitée par les attaques s'estompe au milieu de nouvelles tragédies à Gaza".
La guerre contre Gaza a fait plus de 112 000 morts et blessés, pour la plupart des enfants et des femmes, et environ 10 000 disparus dans un contexte de famine et de destruction généralisée, selon les données palestiniennes et onusiennes.
Israël poursuit cette guerre malgré une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU appelant à l’arrêt immédiat des combats et malgré la demande de la Cour internationale de Justice de prendre des mesures immédiates pour prévenir le "génocide" et améliorer la situation humanitaire à Gaza.
Le porte-parole de l'UNICEF a expliqué "qu'au cours des vingt années passées aux Nations unies, il n'a jamais vu une dévastation comparable à celle vue dans les villes de Khan Yunis et de Gaza."
Il a poursuivi : "Et maintenant, on nous dit de nous attendre à la même chose lors de la (possible) invasion à Rafah" dans le sud de la bande de Gaza.
Elder a confié avoir vu "de nouveaux cimetières qui regorgent d’enfants" dans la bande de Gaza.
Le responsable de l'UNICEF a mis en garde les autorités israéliennes contre les conséquences d'une nouvelle offensive qui pourrait entraîner "davantage de morts civiles" à Rafah.
Il a souligné que la ville, qu’Israël avait précédemment qualifiée de "sûre", était un refuge pour environ 1,5 million de civils, affirmant que Rafah "s’effondrerait si elle était prise pour cible militairement".
Il a expliqué qu'environ 600 000 enfants vivent à Rafah et qu'elle est devenue "le foyer du plus grand hôpital restant à Gaza", à savoir l'hôpital central de Rafah.
Elder a insisté que "Gaza a besoin d'un cessez-le-feu immédiat et à long terme pour des raisons humanitaires".
Le porte-parole de l'UNICEF a martelé : "Combien de fois avons-nous dit – voire exigé – cela ?".
Il a également mis en avant "la nécessité de la libération de tous les otages, d'un accès sûr et sans entrave à l'aide humanitaire et de davantage d'opérations de transit pour cette aide".
"Le monde a été prévenu au sujet de Rafah. Il reste à voir combien d’yeux resteront ou seront forcés d'être fermés", a réitéré Elder, faisant référence au nombre de victimes attendues à la suite de cette éventuelle attaque.
Le rythme des raids israéliens sur Rafah s'est récemment accéléré, Tel Aviv insiste pour envahir la ville, prétendant affronter le dernier bastion du mouvement Hamas, malgré les avertissements internationaux croissants de répercussions catastrophiques, compte tenu de la présence de plus d'un million de déplacés.
Plus tôt mercredi, le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, a informé le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, que Washington s’oppose "actuellement" à toute "vaste" opération militaire israélienne dans la ville de Rafah.