Ismail Haniyeh, leader du Hamas assassiné en Iran, représentait le visage de la diplomatie internationale du mouvement de résistance palestinien face à la guerre acharnée menée par Israël dans Gaza.
Il était cependant perçu par de nombreux diplomates comme un modéré comparé à d’autres membres du mouvement présents à Gaza.
Nommé à la tête du Hamas en 2017, Haniyeh a alterné entre la Turquie et Doha, la capitale du Qatar, échappant ainsi aux restrictions de voyage imposées à Gaza. Cette mobilité lui permettait de jouer un rôle crucial en tant que négociateur dans les pourparlers de cessez-le-feu et de maintenir des contacts avec l'Iran.
“Tous les accords de normalisation que vous (les États arabes) avez signés avec (Israël) ne mettront pas fin à ce conflit”, déclarait Haniyeh sur la chaîne Al Jazeera basée au Qatar, peu après que les combattants du Hamas ont lancé les attaques du 7 octobre.
La guerre menée par Israël depuis cette attaque a déjà coûté la vie à près de 40.000 personnes à Gaza, selon les autorités sanitaires du territoire, tandis que des manifestations mondiales ont dénoncé “le génocide” que constitue la guerre israélienne contre les Palestiniens.
Comment Haniyeh est-il entré en politique ?
Dans sa jeunesse, Haniyeh était un militant étudiant à l'Université islamique de Gaza. Il a rejoint le Hamas dès sa création lors de la Première Intifada palestinienne en 1987.
Il a été arrêté à plusieurs reprises et brièvement expulsé.
Haniyeh a développé une relation étroite avec le fondateur du Hamas, Cheikh Ahmad Yassin, qui, tout comme la famille d'Haniyeh, était un réfugié du village d'Al Jura près d'Ashkelon.
En 1994, il affirmait à l'agence de presse Reuters que Yassin était un modèle pour les jeunes Palestiniens.
“Nous avons appris de son amour pour l'islam et de son sacrifice pour cette religion à ne jamais plier devant les tyrans et les despote”, disait-il.
En 2003, il était un proche collaborateur de Yassin, assassiné par Israël en 2004.
Haniyeh a été l'un des premiers défenseurs de l'entrée du Hamas en politique. En 1994, il a soutenu que la création d'un parti politique “permettrait au Hamas de mieux répondre aux développements futurs”.
Bien que cette idée ait d'abord été rejetée par la direction du Hamas, elle a finalement été approuvée, et Haniyeh est devenu Premier ministre palestinien après la victoire de ce mouvement dans les élections législatives palestiniennes en 2006, un an après le retrait militaire israélien de Gaza.
Le Hamas a pris le contrôle de Gaza en 2007.
Le “visage politique et diplomatique du Hamas”
Lorsqu'il a quitté Gaza en 2017, Haniyeh a été remplacé par Yahya Sinwar, qui a passé plus de deux décennies dans les prisons israéliennes, avant d’être libéré en 2011 dans le cadre d’un échange de prisonniers.
“Haniyeh mène la bataille politique du Hamas avec les gouvernements arabes”, avait déclaré Adeeb Ziadeh, spécialiste des affaires palestiniennes à l'Université du Qatar, avant sa mort, ajoutant qu'il entretenait des liens étroits avec la branche armée du mouvement.
“Il est le visage politique et diplomatique du Hamas”, avait souligné Ziadeh.
Haniyeh et Meshaal avaient rencontré des responsables égyptiens, qui ont également facilité les pourparlers de cessez-le-feu. Les médias d'État iraniens ont rapporté qu'Haniyeh s'était rendu à Téhéran début novembre pour rencontrer le guide suprême iranien, Ali Khamenei.
Trois hauts responsables ont confié à Reuters que Khamenei avait informé le leader du Hamas lors de cette réunion que l'Iran n'entrerait pas en guerre, n'ayant pas été informé à l'avance de l'offensive.
Haniyeh a perdu environ 60 membres de sa famille depuis le début de la guerre d'Israël contre Gaza le 7 octobre.
Trois des fils de Haniyeh - Hazem, Amir et Mohammad - ont été tués le 10 avril lorsque leur voiture a été ciblée par une frappe aérienne israélienne, selon le Hamas.
Haniyeh avait également perdu quatre de ses petits-enfants, trois filles et un garçon, dans l'attaque.
Haniyeh a nié les affirmations israéliennes selon lesquelles ses fils étaient des combattants et a déclaré que “les intérêts du peuple palestinien passent avant tout” lorsqu'on lui a demandé si la mort de ses fils affecterait les pourparlers de trêve.
“Si l'ennemi criminel pense que cibler ma famille nous fera changer de position et affectera notre résistance, il se trompe lourdement, car chaque martyr à Gaza et en Palestine est comme un membre de ma famille”, avait-il lancé.