Les Compagnies républicaines de sécurité (CRS) avaient été bannies de l’île après la mort de plusieurs civils dans les émeutes de ‘’décembre noir’’ de 1959. Photo : AA

Le couvre-feu nocturne (de 21H00 à 05H00) instauré le 10 octobre sur toute l’île de la Martinique a été prolongé jusqu’au 21 octobre, après les émeutes d’une extrême violence de ces derniers jours alors que les négociations contre la vie chère s’enlisent, a rapporté la presse française.

Par voie de communiqué publié lundi et repris par le quotidien régional Sud-Ouest, la préfecture de Martinique a indiqué que ‘’cette mesure exceptionnelle visant à garantir la sécurité des personnes et des biens dans le contexte actuel d’atteintes graves à l’ordre public’’ est prolongée jusqu’au 21 octobre et le sera ‘’autant que nécessaire’’.

Le mouvement de contestation contre la vie chère sur cette île française des Caraïbes a été lancé début septembre par le Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens (RPPRAC), qui exige un alignement sur la métropole des prix des produits alimentaires. Selon une étude de l’Insee publiée en 2022, les prix alimentaires en Martinique étaient 40 % plus élevés que dans la métropole.

La préfecture de Martinique a, cependant, fait état d’une ‘’nette diminution’’ des ‘’exactions et blocages’’, liés aux émeutes urbaines contre la vie chère.

L’interdiction de l’achat, la vente et le transport au détail de carburant et produits explosifs, ainsi que "l’importation, l’achat, la vente, le transport et l’utilisation d’artifices" et autres articles pyrotechniques, ont été prolongées par le préfet.

Mercredi 9 octobre, une trentaine d’organisations syndicales et politiques ont appelé à une ‘’Martinique île morte’’, c’est-à-dire une ‘’mobilisation générale contre la répression coloniale’’.

Les barrages de l'opération ‘’Martinique île morte’’ ont provoqué de violentes altercations entre manifestants et forces de l'ordre. En tête des revendications des protestataires: leur opposition aux "violences exercées par les policiers de la CRS 8.

Les Compagnies républicaines de sécurité (CRS) avaient été bannies de l’île après la mort de plusieurs civils dans les émeutes de ‘’décembre noir’’ de 1959.

La septième réunion de négociation entre l’Etat et les acteurs locaux (militants, grande distributions, élus) prévue ce mardi, pour faire baisser le coût de la vie n’aura pas lieu, faute de ‘’nouvelle proposition concrète et viable’’, a annoncé lundi soir le président du conseil exécutif de Martinique, Serge Letchimy, cité par Sud-Ouest.

Le collectif militant RPPRAC n’a pas tardé à réagir en rappelant que ’’24 points sur 26 ont été actés’’ mais que ‘’les deux points restants non négociés avec la grande distribution sont le résultat d’un refus collectif du peuple’’, rapporte la même source.

‘’Aucune concession ne sera faite à ceux qui n’ont jamais fait preuve de bonne volonté envers le pouvoir d’achat des Martiniquais’’, a souligné le RPPRAC dans un communiqué, exprimant son intention ‘’de poursuivre ses rassemblements contre la vie chère’’.

‘’Il y a trois étapes : la première les pillages ; si ça dure les destructions ; et si ça continue, c’est la traque de ceux qu’on pense ou qu’on désigne comme ennemis. On a déjà passé deux étapes. J’espère qu’ils seront raisonnables, parce que quand on arrive à la troisième étape (...) les dégâts sont irréversibles’’, a mis en garde le chef du RPPRAC, Rodrigue Petitot.

‘’On est un peuple qui revendique légitimement le droit à l’accès à la nourriture à des prix respectueux, et tout ce qu’on nous donne jusqu’à présent c’est une répression’’, a-t-il ajouté.

AA