Les dons généreux, qui ne cessent d’affluer depuis le début de l’offensive russe en Ukraine, ont suscité le mécontentement des pays africains qui ont accusé les pays riches de soutenir l’Ukraine au détriment de l’Afrique.
Les Etats unis ont annoncé l’octroi de 1,3 milliard de dollars supplémentaires dirigés essentiellement vers la reconstruction des infrastructures essentielles de l’Ukraine, alors que la Grande Bretagne a promis des garanties de crédits de la Banque mondiale atteignant trois milliards de dollars sur trois ans pour financer les services publics ukrainiens et 240 millions de livres (280 millions d'euros) d'aide bilatérale, destinés notamment au déminage et des projets humanitaires.
Berlin a aussi débloqué une aide humanitaire supplémentaire de 381 millions d'euros en 2023 et Paris 40 millions d'euros pour la reconstruction d'urgence et des équipements médicaux notamment.
En outre, les pays de l'UE ont décidé mercredi de contribuer à une nouvelle dotation de 3,5 milliards d'euros pour la Facilité européenne pour la paix (FEP) utilisée pour financer leurs fournitures d'armes à l'Ukraine et les missions militaires à l'étranger.
"Cette décision réaffirme l'engagement de l'UE à soutenir ses partenaires dans le domaine de la sécurité et de la défense", a souligné la présidence suédoise.
La dotation initiale de 5,7 milliards allouée pour 7 ans à ce fonds créé par les Etats membres hors du budget européen a été épuisée en une année par le conflit en Ukraine. Les Etats membres l'ont utilisée pour financer les armes et les munitions prélevées dans leurs arsenaux et envoyées à Kiev.
Elle a été augmentée de 2 milliards d'euros en mai pour fournir aux forces ukrainiennes au moins un million d'obus de 155 mm et reconstituer les stocks stratégiques de munitions dans les Etats membres. Un accord de principe avait alors été acquis pour allouer un nouveau financement de 3,5 milliards d'euros.
L’Afrique s’indigne
“Aider l'Ukraine oui, mais pas au détriment de l'Afrique”, c’est ainsi que certains dirigeants africains ont haussé le ton contre les pays riches, prompts à verser des milliards de dollars à Kiev mais pas toujours au rendez-vous de leurs engagements envers le continent.
A la dernière réunion du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale à Washington en avril, "les pays africains ont exprimé des craintes sur un double standard", en matière d'aide internationale, raconte ainsi à l'AFP une source gouvernementale française.
La guerre en Ukraine "expose le vrai visage de l'action des grandes puissances en direction du continent", constate aussi une source diplomatique au Bénin interrogée par l'AFP avant un sommet cette semaine à Paris sur la pauvreté et le financement climatique, regrettant une Afrique "délaissée".
Une bonne partie de l'aide à l'Ukraine concerne des armes, mais elle entraîne forcément des comparaisons.
Principale région d'arrivée de l'aide au développement, l'Afrique sub-saharienne a vu celle-ci reculer l'an dernier à 29 milliards de dollars (-8%) pendant que celle vers l'Ukraine s'est envolée à 16 milliards contre moins d'un milliard un an auparavant, d'après l'OCDE.
"On voit ces flux immenses qu'on pensait impossibles à dégager, et qui sont aujourd'hui dégagés", confie à l'AFP le ministre des Affaires étrangères du Niger, Hassoumi Massoudou. La preuve selon lui "que des ressources et des mécanismes existent" qui pourraient être utilisés aussi pour le continent.
Moscou devrait payer pour reconstruire l’Ukraine
Les alliés occidentaux de Kiev ont averti mercredi la Russie qu'elle devrait payer pour la reconstruction de l'Ukraine.
"Nous devons passer d'une vision à des accords et d'accords à des projets concrets", a plaidé à distance par vidéo le président ukrainien à l'ouverture de cet événement.
"Chaque jour d'agression russe apporte de nouvelles ruines, des milliers et des milliers de maisons détruites, des industries dévastées, des vies brûlées", a-t-il dit.
Le redressement de l'économie ukrainienne a récemment été évalué à 411 milliards de dollars dans une étude récente de la Banque mondiale, l'ONU, l'Union européenne et le gouvernement ukrainien. Une somme appelée à grossir à mesure que le conflit se poursuit.
"Soyons clairs: la Russie est à l'origine de la destruction de l'Ukraine. Et la Russie finira par supporter le coût de la reconstruction de l'Ukraine", a déclaré le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken.
"L'agresseur doit être tenu pour responsable", a aussi dit la présidente de la commission européenne Ursula von der Leyen.
La conférence de Londres cherche aussi à mobiliser le privé, avec le lancement officiel de l'"Ukraine Business compact", une initiative invitant les entreprises du monde entier à s'engager à soutenir la reconstruction de l'Ukraine, aux côtés des grandes institutions financières mondiales.