Des habitants de Khan Younes commencent à rejoindre ce qui reste de leurs maisons, dans l'espoir d'un accord de paix permanent. / Photo: AA (AA)

Israël n’a visiblement pas renoncé à intervenir à Rafah, si l’on s’en tient aux propos de son Premier ministre. Offensif, Benjamin Netanyahu a annoncé, lundi qu'une date avait été fixée pour une offensive sur Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, malgré l'opposition de Washington. Et ce, à l'heure où le Hamas et Israël tentent de se mettre d'accord sur une trêve.

Six mois après le début de la guerre, le Hamas étudie une proposition en trois étapes remise par les pays médiateurs, dont la première prévoit un cessez-le-feu de six semaines, a indiqué une source au sein du mouvement palestinien à l’AFP.

Le président français Emmanuel Macron, le chef de l'État égyptien Abdel Fattah al-Sissi et le roi de Jordanie Abdallah II ont appelé lundi soir à un cessez-le-feu "immédiat" et "permanent", à une libération de "tous les otages" à Gaza et ont mis en garde Israël contre les "conséquences dangereuses" d'une offensive à Rafah.

"La guerre à Gaza et les souffrances humaines catastrophiques qu'elle entraîne doivent cesser immédiatement", écrivent-ils dans une tribune commune parue dans quatre journaux, français (Le Monde), américain (Washington Post), jordanien (Al-Raï) et égyptien (Al-Ahram).

Le Premier ministre israélien a annoncé qu'une date avait été fixée pour une offensive sur Rafah, “l'un des derniers bastions” selon lui du Hamas dans la bande de Gaza. "Cela se fera, il y a une date", a-t-il déclaré dans un message vidéo, six mois après le début de la guerre, sans toutefois préciser de date.

Presque immédiatement après cette annonce, les États-Unis ont réaffirmé leur opposition à l’opération sur cette ville frontalière de l'Égypte où s'entassent, dans des conditions très précaires, près d'un million et demi de Palestiniens.

"Nous avons clairement fait savoir à Israël que nous pensions qu'une invasion militaire massive de Rafah aurait un effet extrêmement néfaste sur ces civils et qu'elle nuirait en fin de compte à la sécurité d'Israël", a déclaré à la presse le porte-parole du département d'État, Matthew Miller.

Plusieurs responsables israéliens ont réaffirmé ce projet d'assaut après l'annonce, dimanche, du retrait des troupes israéliennes de Khan Yunis, ville du sud du territoire.

"Indescriptible"

Dimanche puis lundi, des milliers de Palestiniens qui avaient fui, ont regagné Khan Yunis, a constaté l'AFP. "Nous espérions trouver la maison ou ce qu'il en reste", a raconté Safa Qandil, une femme de 46 ans. De la maison, il ne reste rien. Safa a aussi perdu son fils et sa belle-fille, enceinte. "C'est (...) indescriptible", confie-t-elle.

Salim Sharab, un homme de 37 ans lui aussi à la recherche de sa maison, se dit "choqué" par le spectacle. "Plus rien ne ressemble à ce que nous avons connu", dit-il. La guerre israélienne sur Gaza, déclenchée depuis le 7 octobre, a tué 33.207 Palestiniens.

Lundi, le ministère de la Santé dans l’enclave assiégée a annoncé la mort de 32 Palestiniens en 24 heures.

Des sources de sécurité et médicales ont fait état lundi soir de frappes aériennes israéliennes à travers la bande de Gaza.

"Moment opportun"

Outre un cessez-le-feu de six semaines, la proposition de trêve qu'étudie le Hamas prévoit également, dans un premier temps, la libération de 42 otages israéliennes en échange de 800 à 900 Palestiniens détenus dans les prisons israéliennes, l'entrée de 400 à 500 camions d'aide alimentaire par jour et le retour chez eux des habitants du nord de la bande de Gaza déplacés par la guerre, selon la source au sein du Hamas.

Cette proposition est le fruit d'un nouveau cycle de négociations au Caire entre le Hamas et Israël par l'intermédiaire de l'Égypte, des Etats-Unis et du Qatar.

Plus tôt dans la journée, des responsables israéliens et du Hamas ont tempéré les espoirs d'une trêve prochaine, les deux protagonistes s'accusant mutuellement de blocage.

"Le Hamas bloque les négociations", a affirmé le porte-parole du gouvernement israélien, Avi Hyman. Le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant a, pour sa part, jugé "le moment opportun" pour conclure une trêve.

322 camions d'aide humanitaire

Selon un responsable du Hamas contacté lundi par l'AFP, "on ne peut pas parler de progrès concrets jusqu'à présent" et les divergences portent surtout sur le retour des déplacés dans la ville de Gaza.

Interrogé par la BBC, le porte-parole du ministère qatari des Affaires étrangères, Majed al-Ansari, s'est dit lui plus "optimiste" qu'il y a quelques jours, ajoutant toutefois que les négociations sont loin d'être dans leur dernière "ligne droite".

Fin novembre, une trêve de sept jours avait permis la libération de 80 otages israéliens (et de 25 autres hors de l'accord), en échange de celle de 240 prisonniers palestiniens.

Des témoins ont raconté à l'AFP que plusieurs frappes aériennes avaient touché une maison et des terres agricoles à Rafah, ainsi que les secteurs de Nousseirat et de Deir el-Balah, dans le centre du territoire assiégé. Des tirs d'artillerie ont également visé le sud-ouest de la ville de Gaza, dans le nord.

Outre les destructions et le bilan humain, la guerre a aussi provoqué une catastrophe humanitaire dans le territoire de 2,4 millions d'habitants assiégé par Israël, où l'aide humanitaire contrôlée par Israël arrive au compte-gouttes.

Lundi, le porte-parole du gouvernement israélien, Avi Hyman a annoncé que "322 camions" étaient entrés à Gaza au cours des dernières 24 heures, soit le nombre le plus élevé depuis le début de la guerre.

Face à la situation à Gaza, le Nicaragua a intenté une action en justice contre l'Allemagne devant la Cour internationale de Justice (CIJ), plus haute juridiction de l'ONU, dénonçant son soutien militaire à Israël.

L'Allemagne répondra devant la cour ce mardi, mais a déjà qualifié de "grossièrement biaisée" la présentation du Nicaragua.

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