Les membres de ces organisations se sont rendus à Genève cette semaine pour jeter la lumière devant l'ONU sur une "crise" majeure dans les prisons du pays, où, selon eux, neuf personnes seraient mortes depuis le 7 octobre 2023.
"Nous sommes extrêmement inquiets", a déclaré Tal Steiner, directrice exécutive du Comité public contre la torture en Israël, dans un entretien à l'Agence France Presse.
"Nous sommes face à une crise", a-t-elle martelé, soulignant qu'"il y a près de 10.000 Palestiniens détenus par Israël, (...) une augmentation de 200%".
Selon Mme Steiner, la situation s’est considérablement aggravée depuis la guerre entre Israël et le Hamas.
Israël pilonne la bande de Gaza depuis l'attaque sans précédent du Hamas, le 7 octobre.
“Violences sexuelles"
Depuis l'offensive militaire contre Gaza, "la crise dans les centres de détention et les prisons israéliens a été vraiment ignorée", a averti Miriam Azem du centre juridique Adalah, qui défend les droits des citoyens palestiniens d'Israël.
Elle affirme que son organisation a documenté "19 cas clairs" de torture au sein du système pénitentiaire israélien depuis le 7 octobre, dont des violences sexuelles.
"Nous assistons à une utilisation généralisée et systématique de très nombreux moyens pour infliger des tortures et des mauvais traitements aux Palestiniens", a-t-elle déclaré.
Cette crise "nécessite l'intervention immédiate de la communauté internationale", avertit-elle. "Des gens (souffrent) en détention en ce moment... Une intervention urgente est absolument nécessaire".
L'administration pénitentiaire israélienne a assuré de son côté que "tous les prisonniers sont détenus conformément à la loi" et qu'elle n'était "pas au courant des accusations" portées contre elle.
Toute plainte déposée par les détenus "sera pleinement examinée", a-t-elle assuré à l'Agence France Presse.
Les ONG sont également inquiètes des conditions de détention dans des installations militaires israéliennes.
Au moins 27 Palestiniens seraient morts dans ces lieux de détention depuis octobre, affirme Mme Steiner, estimant que c'est "sans précédent".
Ni les ONG ni des journalistes étrangers n'ont eu accès à ces camps et les informations sur les conditions qui y régnent viennent des témoignages d'anciens détenus.
Selon ces informations, les prisonniers sont souvent enfermés "dans des cages en plein air", où "ils sont menottés et ont les yeux bandés 24 heures sur 24", rapporte Mme Steiner.
Les prisonniers doivent dormir à même le sol, dans le froid, sont battus et privés de soins médicaux, a ajouté Mme Steiner, selon laquelle ces prisonniers-y compris des enfants , tombent sous le coup de la loi israélienne sur les combattants irréguliers, les privant de nombreux droits.
"La loi est inconstitutionnelle", affirme la responsable du Comité public contre la torture.
Il n'y a pas de chiffres officiels mais les ONG estiment qu’environ 1.000 personnes sont détenues dans ces camps militaires et qu'environ 600 autres, arrêtées sur le sol israélien le 7 octobre, sont incarcérées dans le système pénitentiaire israélien.
Les deux femmes, toutes deux citoyennes israéliennes, estiment que défendre les droits des Palestiniens en Israël est devenu de plus en plus difficile depuis le 7 octobre. Elles ont été confrontées à des menaces et des injures.
Le traumatisme causé par l'attaque du Hamas et l'inquiétude sur le sort des otages toujours détenus par le Hamas à Gaza sont compréhensibles pour Mme Steiner, mais "ce n'est pas une excuse pour torturer".