Kylian Mbappé, équipe de France

L'absence en équipe de France de Kylian Mbappé, que Didier Deschamps a souhaité ménager au moment d'affronter Israël puis la Belgique en Ligue des nations, a de quoi interroger alors que l'attaquant a joué plus d'une heure samedi avec le Real Madrid.

"Je suis content d'être à Madrid, mais mon plaisir d'être en Bleu n'a pas bougé", avait assuré Mbappé lors du précédent rassemblement avec l'équipe nationale début septembre.

Au vu de la troublante séquence qui se déroule depuis jeudi, date de l'annonce de son forfait pour les deux rendez-vous à venir avec les Tricolores, suivie 48 heures plus tard de sa titularisation en Liga avec les "Merengue" contre Villarreal (2-0), des doutes accompagnent cette affirmation.

Autant dire que la conférence de presse du sélectionneur, prévue lundi (14h30) à Clairefontaine, sera très attendue et portera essentiellement sur le cas de la star mondiale. Apparu détendu lors de l'annonce de sa liste jeudi, "DD" pourrait cette fois-ci se crisper davantage devant la presse, lui qui souhaite toujours éloigner les polémiques.

Alors qu'il avait expliqué jeudi ne vouloir "pas prendre de risque" avec son capitaine, touché à la cuisse gauche, la question est désormais de savoir comment le sélectionneur a réagi lorsqu'il a appris que sa star a joué, sans retenue apparente, avec son club en championnat.

"Ce n'est pas normal"

C'est "un problème pas grave mais nécessitant des soins pour pouvoir bien récupérer", avait argué Didier Deschamps.

Or si Mbappé est apte avec les "Merengue", il devrait l'être logiquement avec les Bleus.

"Il a joué" samedi, donc "il est apte pour l'équipe de France, ce n'est pas normal", a lancé dimanche l'ancien international Bixente Lizarazu dans l'émission Téléfoot, évoquant le poids considérable que prennent les clubs face aux équipes nationales.

Mercredi, le Bondynois avait aussi joué trente minutes - et perdu - avec le Real Madrid à Lille (1-0) en Ligue des champions. Et comme face à Villarreal, sans forcément être éclatant sur le terrain, il a été en jambes, sans sembler ressentir une quelconque gêne à la cuisse gauche.

Interrogé par l'Agence France-Presse sur le sujet, l'entourage du joueur n'a pas fait de commentaire.

Des doutes s'amoncellent donc sur l'intérêt actuellement porté par Mbappé aux Bleus, a fortiori alors qu'il entame une nouvelle aventure dans son club de rêve depuis deux mois.

La priorité de l'ancien Parisien est manifestement de s'adapter au Real, plutôt que de s'investir plus avant dans son rôle de capitaine des Bleus, à l'issue d'un Euro frustrant durant lequel il a dû se contenter d'un but sur penalty, son dernier en cinq rencontres internationales.

Polémique naissante

Sans compétition majeure cette saison avec les Bleus, il laisse à penser qu'il a mis la sélection entre parenthèses, pour pouvoir souffler au cœur d'une saison où il va enchainer les matches avec les "Merengue".

Mais Deschamps a assuré n'avoir "pas le moindre doute sur l'implication de Kylian", qui était pourtant apparu plus distant que d'ordinaire en équipe de France, en septembre, à l'image de sa conférence de presse à la veille d'affronter l'Italie.

"La Ligue des Nations, on l'a déjà gagnée. Cela ne va pas nous procurer une émotion extraordinaire. Nous avions gagné à Milan. Mais à la fin du match, je n'avais pas l'impression d'avoir remporté un trophée", avait-il déclaré, montrant un intérêt minimum pour la compétition.

"Ce que pensent les gens, c'est le cadet de mes soucis", avait-il aussi dit, interrogé sur le contenu du jeu critiqué pendant l'Euro.

Ce rassemblement, à l'importance certes relative sur le papier, sera donc très scruté, ne serait-ce que pour observer la façon dont Didier Deschamps va gérer la situation, lui qui se voit d'un coup privé de deux cadres majeurs, depuis qu'Antoine Griezmann a raccroché, à la surprise générale, le maillot bleu en début de semaine.

Jeudi, "DD" a insisté sur la nécessité de "réoxygéner" son groupe, mais avant d'espérer un nouveau souffle, il sera surtout question des absents et d'une polémique naissante dont il se passerait bien.

AFP