Par
Yohannes Habteselassie Adhanom
Les festivals érythréens de la diaspora ont été entachés de violences au Canada, en Suède, en Allemagne et maintenant en Israël.
La violence est incompréhensible, car toute manifestation organisée contre son pays d’origine pour des griefs politiques en tant que réfugié ne justifie pas la violation des lois d’un pays qui vous donne refuge et vous donne la liberté de manifester pacifiquement contre son pays d’origine.
Ce qui s’est révélé violent aujourd’hui en 2023 est un nouveau phénomène qui mérite étude et examen minutieux.
Ces festivals se déroulent depuis des décennies, depuis l'époque de la lutte pour l'indépendance de l'Érythrée face à la domination éthiopienne. Néanmoins, il est indéniable que des manifestations pacifiques ont marqué les précédentes fêtes de la diaspora érythréenne depuis 2001, en réponse à la gouvernance du régime non élu d’Isayas.
Un régime au pouvoir sans le consentement des gouvernés depuis plus de trois décennies. Ces manifestations, pacifiques, ont désormais cédé la place, en 2023, à une série de manifestations violentes soigneusement orchestrées. La question se pose : qu’est-ce qui a provoqué ce changement soudain ?
Pour ceux qui suivent de près la crise actuelle dans la Corne de l’Afrique, décrypter la force motrice derrière ces événements nécessite un minimum d’effort.
Mais c’est un fait connu qu’un pourcentage élevé de demandeurs d’asile titulaires de cartes d’identité érythréennes dans la diaspora sont des Éthiopiens du Tigré. Le régime du TPLF (Tigray Liberation Front), qui a dirigé l’Éthiopie pendant 27 ans avant son éviction en 2018, a déclenché une guerre contre le gouvernement central éthiopien.
Cette démarche agressive, y compris une attaque contre l'Érythrée, a finalement abouti à la défaite retentissante du TPLF l'année dernière.
Le TPLF et ses partisans ont depuis réorganisé leur campagne concertée pour infiltrer les groupes d’opposition érythréens, implanter des agents et inciter à la discorde pour saper la nation et le peuple érythréens, le tout dans la poursuite de leur ambition d’un « Grand Tigré ».
Leur stratégie calculée visant à supplanter l’authentique opposition pacifique érythréenne avec des Tigréens et quelques Érythréens renégats qui servent de masque derrière lequel se cacher n’est plus un mystère.
Durant les années où les Érythréens cherchaient refuge en Éthiopie pour échapper à un service national sans fin en vue, beaucoup se sont retrouvés au Tigré.
Saisissant cette opportunité, le régime du TPLF, alors au pouvoir sur toute l'Éthiopie, a confisqué les cartes d'identité érythréennes et a fourni ces documents à ses propres agents tigréens, leur permettant de demander l'asile dans le monde occidental sous des identités volées.
Cette tactique trompeuse s’est ensuite propagée par une vaste propagande radiophonique attirant la jeunesse érythréenne avec la promesse d’un accès facile à l’Europe, aux États-Unis et au Canada à son arrivée au Tigré.
En outre, le régime a soumis les Érythréens à des actes odieux de viol, de torture et de meurtre, cultivant une atmosphère de division et d’asservissement au sein des camps de réfugiés.
Même si l’ampleur de ces atrocités dépasse le cadre de cet article, il est impératif de dire que les camps de réfugiés du Tigré sont devenus une épreuve cauchemardesque pour les Érythréens.
Aussi perceptible soit-il, tous ceux qui parlent le tigrigna et revendiquent une identité érythréenne ne sont pas tous de véritables natifs érythréens ; beaucoup sont, en fait, des Tigréens éthiopiens.
L’infiltration de ces Tigréens éthiopiens dans les cercles d’opposition de la diaspora érythréenne dure depuis des décennies.
L'apogée de la révélation de cette infiltration a coïncidé avec l'agression du TPLF contre l'Érythrée, incitant l'opposition érythréenne et les partisans du régime à se rassembler autour des forces armées de leur pays, défenseurs de la patrie.
Ce front unique a réduit l’influence du TPLF, rapprochant l’opposition érythréenne des partisans du régime. L’enjeu était la défense de la patrie en temps de guerre et pas nécessairement l’approbation de la manière dont le pays est gouverné.
Les voix légitimes de l’opposition, tout en différant politiquement du régime au pouvoir, maintiennent comme toujours une position nationaliste, prônant un changement pacifique depuis l’Érythrée, sans ingérence extérieure.
La formation d’un mouvement érythréen consciencieux et responsable au sein du pays reste la seule voie de résolution pacifique du problème interne, et non cette violence incitée à l’étranger et destinée à engendrer le chaos.
Le niveau de violence qui a submergé la police israélienne et conduit les hôpitaux de la ville à déclarer l'état d'urgence de masse aurait été la plus grande flambée de violence depuis la deuxième Intifada palestinienne en septembre 2000.
Il est difficile de considérer l’émergence de cette nouvelle « opposition » violente comme un mouvement enraciné dans la véritable quête des droits de l’Érythrée. Les vrais Érythréens chercheraient à éclairer et à persuader leurs concitoyens de s’engager sur la voie pacifique d’un véritable changement, plutôt que de les soumettre à l’horreur d’une violence comme celle dont nous sommes témoins à travers le monde.
Ce qui est évident, c’est que le TPLF vaincu a orchestré l’implication d’agents tigréens imposteurs, armés d’identités érythréennes volées, pour saper la solidarité érythréenne et les décrire comme violents au sein des sociétés démocratiques où ils habitent désormais. L’un des faits concernant les Érythréens est qu’ils respectent la loi en raison de leurs normes juridiques héritées de longue date et de leurs lois autochtones.
L’exhibition du drapeau bleu historique, autrefois symbole d’une époque révolue, est désormais subtilement brandie pour évoquer les souvenirs de la domination coloniale éthiopienne, une période d’assujettissement et d’esclavage que l’Érythrée a endurée au cours de ses 30 longues années de lutte armée.
La manifestation de ce drapeau par ces acteurs tigréens, combinée avec le recours à la violence, est l'œuvre maléfique du TPLF et de ses partisans tacites, qui permettent que ces actes d'agression perdurent.
Contrairement à leurs prédécesseurs pacifiques, les festivals de la diaspora érythréenne de 2023 ont été entachés de violences. La question est : qu’est-ce qui a changé ?
Nous espérons que ce bref exposé fera la lumière sur la véritable source et l’issue attendue de ces événements, les révélant pour ce qu’ils sont : un stratagème du TPLF visant à ternir l’image du peuple érythréen.
Les sceptiques qui ont tendance à présenter ces attaques comme des Érythréens se retournant les uns contre les autres feraient mieux d’obtenir leurs informations auprès de sources autres que les reportages ridiculement superficiels des médias occidentaux, qui se trompent souvent lorsqu’il s’agit de l’Afrique et des Africains.