Par Ovigwe Eguegu
Pour quiconque observe, l'ordre mondial de la gouvernance et des relations internationales est en train de changer.
Dans l'hémisphère occidental, les gouvernements sud-américains s'éloignent du leadership inspiré par les États-Unis. En Asie, on assiste à la montée en puissance de la Chine et, à plus grande échelle, à l'abandon du leadership euro-atlantique au profit d'un ordre mondial multipolaire axé sur l'autodétermination et la souveraineté.
Dans le cas présent, cependant, l'objectif est de comprendre le rôle central de l'Afrique dans les évolutions mondiales, en particulier la manière dont les gouvernements africains s'adaptent à ces changements et ce qu'il convient de faire pour être dans une position avantageuse à l'avenir.
Les analystes et les décideurs politiques estiment que l'Afrique fait l'objet d'une nouvelle ruée et que, dans cette course, l'objectif des puissances mondiales est de garantir l'accès aux minerais essentiels au développement et à la fabrication des technologies qui alimentent ce que l'on appelle la quatrième révolution industrielle.
Les États-Unis, par exemple, ont souligné dans plusieurs de leurs documents politiques l'importance de garantir l'accès aux "minéraux stratégiques" qui abondent en Afrique, tels que le cobalt, le lithium et l'aluminium.
Il en va de même pour la Chine, qui entretient des liens économiques étroits avec divers pays africains qui lui ouvrent l'accès à son économie puissante et gourmande en énergie. Il s'agit de rivaux économiques, mais la question est de savoir ce que les gouvernements africains ont à dire.
Le Zimbabwe a décidé de développer localement ses propres minéraux stratégiques, tels que le fer et le platine. Le Nigeria a classé le lithium parmi les minéraux stratégiques et la Guinée a revu sa position sur la manière d'utiliser ses ressources tout en préservant les intérêts nationaux.
Alors que l'on parle de la "nouvelle ruée" sur l'Afrique, la réalité est que les gouvernements étrangers n'ont pas la liberté de l'exploiter sans retenue, contrairement à ce qui s'est passé lors de la conférence de Berlin et au plus fort de la guerre froide.
La configuration géopolitique actuelle est telle que les Africains tolèrent mal la destruction de l'environnement, les déplacements de population et d'autres réalités désagréables qui se sont produites au cours des 19e et 20e siècles au nom de l'industrialisation.
À la recherche de poissons et d'énergie
De nombreux pays africains accordent désormais la priorité à eux-mêmes, même s'il est entendu que le commerce et l'économie sont désormais mondiaux.
La géopolitique contemporaine suggère que les gouvernements africains sont désormais en mesure de déterminer les conditions des relations internationales, ce qui signifie concrètement que les modes de commerce et de diplomatie établis de longue date entre le Mali et la France, par exemple, ont été bouleversés.
Washington intensifie actuellement ses efforts diplomatiques pour renforcer son soutien au continent. Le secrétaire d'État Antony Blinken s'est rendu dans plusieurs pays africains et a évoqué la nécessité d'un développement des ressources naturelles et des minéraux stratégiques dans les territoires africains sous l'égide des États-Unis.