Marche contre l'attaque terroriste de Christchurch (image d'archives) / Photo: AP

La Nouvelle-Zélande a marqué vendredi le cinquième anniversaire de l'attaque terroriste meurtrière contre une mosquée et un centre islamique en 2019.

Le Premier ministre Christopher Luxon et la ministre de la Coordination principale Judith Collins ont exprimé dans une déclaration commune leur profonde sympathie et ont rendu hommage aux personnes tuées dans les attaques terroristes de Christchurch.

"Le 15 mars 2019 a été un jour où les familles, les communautés et le pays se sont rassemblés à la fois dans la douleur et la solidarité", a déclaré M. Luxon. "Aujourd'hui, nous rendons hommage aux 51 shuhada - les martyrs qui ont été injustement pris pour cible en raison de leurs croyances - et à ceux qui ont été blessés", a-t-il ajouté.

Le 15 mars 2019, Brenton Tarrant, un suprémaciste blanc australien, a tué 51 personnes et en a blessé 40 autres à la mosquée Al Noor et au centre islamique Linwood, dans la ville de Christchurch. Il a été condamné à la prison à vie en 2020, sans possibilité de libération conditionnelle, dans la première décision de ce type jamais rendue dans le pays insulaire.

Par la suite, le gouvernement a mis en place une commission royale d'enquête pour déterminer si des organismes gouvernementaux avaient commis des manquements lors de l'attaque de la mosquée de Christchurch. Le rapport de 792 pages, dont la rédaction a pris environ 18 mois, avait identifié des lacunes dans le système d'octroi de licences pour les armes à feu, ainsi qu'une "concentration inappropriée des ressources" de la part des agences de sécurité.

Il a formulé une liste de recommandations, notamment des changements dans la gestion des armes à feu, la création d'une nouvelle agence nationale de renseignement et de sécurité et une proposition visant à ce que la police identifie mieux les crimes haineux et y réponde mieux.

Cependant, les musulmans vivant dans le pays se plaignent toujours d'être plus que jamais confrontés à la haine.

"Nous représentons moins d'un pour cent de la population néo-zélandaise, mais les données de la police montrent que les femmes musulmanes subissent un peu plus d'un tiers de la haine quotidienne qui sévit dans le pays", a affirmé Aliya Danzeisen, coordinatrice nationale du Conseil des femmes islamiques, citée par Radio New Zealand (RNZ).

Promesse d'un pays plus sûr

Mme Danzeisen a critiqué le gouvernement pour son incapacité à tenir ses promesses de faire de l'île un pays sûr pour les musulmans. "Si vous regardez ce qui a échoué, la seule différence se situe au niveau des armes à feu", a signalé Mme Danzeisen.

Elle a ajouté qu'en dépit des recommandations de la Commission royale, le gouvernement n'a pas mis en œuvre toutes les recommandations, car des questions clés liées aux lois sur les discours haineux et à la création d'une nouvelle agence nationale de renseignement et de sécurité attendent toujours d'être mises en œuvre.

Toutefois, Judith Collins, ministre chargée de la coordination, a estimé que les Néo-Zélandais devraient pouvoir vivre sans crainte. "Nous veillerons à tirer les leçons de la commission royale d'enquête et à apporter les changements nécessaires. Le gouvernement s'est engagé à assurer la sécurité de tous les Néo-Zélandais".

Raciste, ethno-nationaliste, écofasciste

Dans son manifeste de 74 pages, l'assaillant, qui se définit comme un suprémaciste blanc, un raciste, un ethno-nationaliste, un écofasciste et un partisan, s'en prend également à la Turquie.

"Nous venons à Constantinople (nom historique d'Istanbul) et nous détruirons toutes les mosquées et tous les minarets de la ville. Sainte-Sophie sera débarrassée de ses minarets et Constantinople sera à nouveau la Chrétienté et la propriété qui lui reviennent de droit", déclare Tarrant dans son manifeste.

"Tant que Sainte-Sophie ne sera pas débarrassée de ses minarets, les hommes d'Europe ne seront des hommes que de nom."

AA