Par Firmain Eric Mbadinga
Certaines images restent gravées dans l'esprit, façonnant la perception que l'on a du monde d'une manière qui se révèle déterminante pour la vie.
Le catalyseur du choix de carrière de Clarence Hascheley Mamidi a été la série culte Suits, de neuf saisons et mettant en scène un avocat charismatique élégamment vêtu qui remportait des procès improbables avec pour doublure un étudiant qui avait abandonné ses études.
Mamadi (Mamidi), qui a grandi à Libreville, capitale du Gabon où la mode est de rigueur, ne rêvait pas de devenir un brillant avocat d'affaires comme Harvey Specter dans Suits.
C'est sa tenue vestimentaire qui a attisé l'ambition de Clarence.
"L'idée de lui ressembler (à Specter) est devenue une obsession", explique-t-il à TRT Afrika.
"On peut en trouver des traces dans le métier que j'ai choisi".
Clarence est un as de la création de mode qui a l'œil pour le chic. Sa signature - des silhouettes nettes, généralement composées d'un pantalon fuselé, d'un gilet et d'une veste - passe rarement inaperçue dans les rues de Libreville.
Sa marque, House of Clarence, s'est forgée une réputation considérable depuis qu'il a lancé sa ligne de vestes cintrées il y a environ deux ans.
Les clients apprécient les créations de Clarence parce qu'elles tiennent leurs promesses : des costumes sur mesure coupés par le créateur et cousus en interne.
Il choisit des tissus qui sont toujours de la plus haute qualité pour le prix, et sa coupe est toujours impeccable.
"L'idée est d'encourager une tenue vestimentaire impeccable", explique Clarence. "Nous sommes une marque de costumes sur mesure abordables qui reflètent l'élégance au quotidien".
Comme le déclare le site web de House of Clarence, "S'habiller pour impressionner est son cheval de bataille."
La télévision comme élément d'influence
Clarence n'est pas la seule personne à avoir atteint un certain degré de réussite et de célébrité en poursuivant une carrière fondée des choses vues sur l'internet ou à la télévision.
En 2019, la faculté de psychologie et des sciences de l'éducation de l'UCLouvain, la plus grande université francophone de Belgique, a publié une étude montrant que les personnages de télévision peuvent avoir un impact positif sur les enfants, tout comme ils peuvent avoir des conséquences négatives.
Selon l'étude, plus les élèves de 5e et 6e année de l'enseignement secondaire apprécient un personnage particulier d'une série télévisée, plus ils risquent d'essayer de lui ressembler et même de choisir la même profession.
Dans le cas de Clarence, sa fascination pour la façon dont le principal protagoniste de Suits s'habillait et se comportait a eu une influence déterminante sur sa carrière.
Après avoir étudié la banque et la finance au Ghana, il a décidé de se lancer à corps perdu dans la réalisation de son rêve : créer une entreprise de mode. La famille et les amis de Clarence, qui avaient imaginé pour lui un avenir de banquier, ont dû être convaincus.
Mais une fois qu'ils ont adhéré à son rêve, ils l'ont soutenu jusqu'au bout.
"J'ai regardé des modèles de réussite dans la mode internationale et j'ai su que ma vision fonctionnerait. Il ne me restait plus qu'à trouver les fonds nécessaires pour démarrer. Lorsque vous croyez en ce que vous faites, les étoiles s'alignent et, la plupart du temps, le résultat est positif", explique-t-il à TRT Afrika.
Aujourd'hui, House of Clarence dispose d'une équipe complète de professionnels qui se perfectionnent en permanence et fournissent à leurs clients une mode chic qui comprend toute une gamme d'accessoires.
"Lorsqu'il s'agit de s'habiller avec style, les accessoires sont d'une importance capitale. C'est pourquoi notre entreprise conçoit et fabrique également des cravates et des chaussures. Nous proposons également des lunettes, des sacs, des bijoux et des parfums", explique Clarence.
L'esprit d'entreprise
La décision de Clarence d'accepter l'incertitude liée à la création d'une entreprise malgré des diplômes qui lui auraient permis d'obtenir des emplois bien rémunérés s'inscrit dans une tendance croissante au Gabon, son pays d'origine, où le taux de chômage reste élevé.
En 2023, le taux de chômage des jeunes dans ce pays d'Afrique centrale s'élevait à un peu plus de 20 %.
Clarence pense que les jeunes doivent sortir de leur zone de confort, rêver grand et faire tout ce qu'il faut pour réaliser leurs aspirations. Il est reconnaissant que les choses se soient bien déroulées pour lui.
"Je continue à travailler sur la base des retours d'information et j'ai fait un effort supplémentaire pour fidéliser mes clients, en prenant leurs mesures et en les livrant directement à leur domicile ou sur leur lieu de travail pour leur faciliter la tâche", dit-il à TRT Afrika.
"J'ai été agréablement surpris par la rapidité avec laquelle les commandes sont arrivées, compte tenu de nos prix relativement élevés pour une marque gabonaise."
La qualité est une chose sur laquelle le jeune créateur de mode ne fera jamais de compromis. Il envisage d'étendre son activité en créant des lignes de vêtements pour femmes et enfants, ce qui lui permettrait d'employer davantage de personnes.
Clarence, qui admire le footballeur gabonais Pierre-Emerick Aubameyang, exhorte tout le monde à élargir ses horizons.
"Chacun dans son domaine peut apporter une touche spéciale pour faire avancer notre beau pays. Prenez exemple sur Aubameyang et sur moi !", exhorte-t-il.