Par Jacques Matand’
Le dernier titre de Bob Elvis '' Boza Batu To Ba Niama '' n'a pas cessé de faire réagir les jeunes en République Démocratique du Congo, son pays d'origine. À travers des notes musicales et les rimes dont il a le secret, Bob Elvis dit vouloir amener l'ensemble de la société à un sens de responsabilité et de patriotisme pour leur pays, la RD Congo.
Selon la réalité que dépeint l’artiste de la RDC, il y a beaucoup de ''laisser-aller'' et cela a des conséquences à plusieurs niveaux. Il a donc du mal à croire qu’un humain puisse admettre les réalités quotidiennes du Congo.
Et les textes ''critiques'' de Bob Elvis sont suivis par les membres du parti au pouvoir à l'instar de Maître Gaby Muamba, cadre de base de l’UDPS (Union pour la démocratie et le progrès social).
Au-delà de la formulation de la question, ce cadre du parti au pouvoir confie être d’accord, à 80%, avec la description des maux qui minent la société congolaise que l’artiste évoque dans sa chanson.
Le texte écrit en lingala et en français se veut un "coup de gueule" pour secouer la conscience de la jeunesse congolaise à l’approche des élections présidentielles de décembre prochain.
''Comment vous, les jeunes qui êtes majoritaires, vous qui votez, comment vous acceptez de laisser le pouvoir entre les mains de ces vieux ?… '', questionne l’artiste musicien. Pour lui, la politique menée par certains acteurs serait à la base de la situation difficile actuelle dans laquelle se trouve la RD Congo.
L’artiste congolais ne comprend pas non plus comment des '' jeunes, au lieu de défendre l’idéologie, choisissent de défendre justes des personnes ''.
Un avis partagé par un autre jeune cadre de l’UDPS. '' Le peuple doit être conscient de son rôle et de sa responsabilité. C’est lui le souverain primaire. Cette chanson est un rappel de la responsabilité des électeurs, de la population, à quelques mois des élections, un rendez-vous important pour l’avenir du Congo '', estime Francis Kabala, jeune cadre du parti au pouvoir.
Le musicien congolais soutient que le fanatisme, le tribalisme ont pris le dessus sur les idées politiques. Et selon lui, ce sont ces idées qui devraient aider à construire, reconstruire le pays. Lui-même jeune Congolais, Bob Elvis, en appelle à la prise de conscience collective.
'' Vous manquez de courant et vous regardez. Vous manquez d’eau courante et vous regardez. Le taux du dollar augmente, vous regardez. On dirait que le changement viendra du ciel. Tout un peuple qui n’aime que l’alcool. Tout un peuple qui n’aime que danser. Tout un peuple qui n’est intéressé que par les distractions et les polémiques '', déplore Bob Elvis.
'' La souffrance est devenue normale, la saleté est devenue normale, le mensonge est devenu normal, le chômage est devenu aussi normal, le tribalisme est devenu normal. Ouvrez les yeux, soyez vigilants '', lance l’artiste.
'' Tout ce qu’il décrit est vrai. Seulement, il ne faut pas penser que cela est le fait du pouvoir actuel qui a trouvé cette situation et travaille pour que cela change. Alors, là, je trouve que le musicien est dans une sorte de populisme. Il décrit des choses, mais ne dit pas comment on pourrait changer la situation aujourd’hui. Et pourtant, le pouvoir actuel fait de son mieux pour améliorer la situation. La réalité dans la politique congolaise est vraiment compliquée. La critique est facile. C’est ce que fait le musicien. Il est tombé dans la facilité '', déplore Francis Kabala.
Contre le tribalisme qui est dénoncé par plusieurs politiciens dans ce pays qui compte plus de 450 ethnies, Bob Elvis rappelle l’extrait d’un discours de l’ancien président Mobutu. Pour renforcer l’unité de la RDCongo, Zaïre à l’époque, Mobutu Sese Seko, disait que le Zaïre a un seul père, une seule mère, une seule patrie, une seule ethnie et un seul chef.
Bob Elvis dénonce donc la passivité de la population qui vit dans la misère et continue à observer sans réagir, au lieu de sanctionner certains politiciens par la voie des urnes.
Même s'il ne le nomme pas, dans ses textes, l'artiste semble n'épargner personne, pas même le président actuel.
'' Nous avons pensé que la vie allait changer, on nous a menti. Nous avons pensé que la vie allait changer, on nous a menti. Nous avons pensé que nous étions dans un État de droit, on nous a menti. Nous avons pensé que nous allions trouver du travail, on nous a menti '', déplore Bob Elvis.
Et pour les prochaines élections, Bob Elvis lance un mot d’ordre '' Sukola parlement (nettoyez le parlement). Cela voudrait dire qu’il faudrait ne pas réélire certains acteurs politiques qui ont brillé par des ''anti-valeurs'' et l’immobilisme lors des précédents mandats électifs comme députés (nationaux ou provinciaux).
'' Boza Batu To Ba Niama '', est déjà vu plus de 35 mille fois sur Youtube et compte plus de 230 commentaires des internautes.