Par Kudra Maliro
Envoyé spécial de TRT Afrika à Kinshasa
Cette convocation intervient quelques heures après que l’ancien président de la Commission électorale nationale indépendante du Congo, Corneille Nangaa, a créé "une alliance incluant la rébellion du M23".
"Notre gouvernement est fondé à demander des explications au gouvernement kényan pour le soutien qu Corneille Nangaa aurait reçu de la part de leur gouvernement" a indiqué Christophe Lutundula, vice-premier ministre des Affaires Etrangères, "affirmant que l’ambassadeur du Kenya en RDC pourra présenter des explications ce samedi à Kinshasa".
En exil, l'ancien patron de la CENI a annoncé, vendredi, la création de l'Alliance du Fleuve Congo, une coalition politico-militaire, appelant à "l'union de toutes les forces politiques, sociales et militaires" pour la "refondation de l'Etat" et le "retour de la paix".
"J’ai instruit mon cabinet pour recevoir l’ambassadeur du Kenya en RDC afin d’avoir plusieurs explications sur ce qui se passe, dans le cas échéant…Nous n’hésiterons pas à présenter notre désapprobation" ajoute le vice-ministre congolais des Affaires Etrangères.
"Mettre fin à la faiblesse de l'Etat"
Alors que son pays se prépare à tenir des élections générales du 20 décembre dans un climat politique et sécuritaire très tendu, M. Nangaa, qui fut président de la Commission électorale (Céni) lors des élections de 2018, est apparu vendredi dans un hôtel de la capitale kényane Nairobi aux côtés de Bertrand Bisimwa, le "président" du M23.
Cette alliance, selon M. Nangaa, est nécessaire pour mettre fin à "la faiblesse" de l'Etat congolais depuis "trois décennies" et son "incapacité à restaurer (son) autorité (...) sur l'ensemble du territoire".
Il a affirmé qu'au moins neuf groupes armés, dont le M23, l'avaient déjà rejoints dans son projet de "l'Alliance Fleuve Congo" pour "l'unité nationale et la stabilité" de la RDC. Ainsi que certaines milices qui ont pourtant récemment combattu contre le M23 aux côtés des FARDC (Forces armées de la RDC).
Après plusieurs années de sommeil, les rebelles du M23 ("Mouvement du 23 mars") ont repris les armes fin 2021 et se sont emparés de vastes pans de la province du Nord-Kivu, dans l'est de la RDC, provoquant la fuite de plus d'un million de personnes, selon l'ONU.
Près de 7 millions de Congolais sont aujourd'hui déplacés dans leur propre pays, principalement à cause des conflits armés et de l'insécurité, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).