Hommes et femmes, lycéens et personnes âgées brandissaient les drapeaux de la Tunisie et de la Palestine. Photo : AA

En Tunisie, les manifestations propalestiniennes organisées en guise de protestation contre le massacre israélien perpétré, de manière quotidienne, sur la Bande de Gaza, se poursuivent encore et toujours.

Samedi, des centaines de manifestants se sont rassemblés sur l'Avenue Habib Bourguiba au centre de la capitale Tunis, en réponse à l'appel d'organisations nationales, telles que l'Union générale tunisienne du travail (UGTT) et le Forum Tunisien des Droits Economiques et Sociaux (FTDES).

Grands et petits contre le massacre israélien en Palestine

Des membres de la société civile, des militants, des syndicalistes, des politiciens et des journalistes ont rejoint la foule qui est partie de l'avenue Mohamed V, passant par l'avenue du Ghana et l'avenue de Paris, pour se réunir enfin, sous un soleil de plomb, sur l'artère principale du centre de Tunis.

Des slogans anti-israéliens ont été scandés par les grands et les petits. "Résistance, Résistance ! Pas de réconciliation ni négociation", "Lâches sionistes, arrêtez l'agression", "Non au déplacement des Palestiniens!", ne cessaient-ils, entre autres, de crier.

Hommes et femmes, lycéens et personnes âgées brandissaient les drapeaux de la Tunisie et de la Palestine, tout en se tenant debout sur les fameux escaliers du Théâtre municipal, face aux caméras et aux appareils photo des journalistes. Même les enfants juchés sur les épaules de leurs parents agitaient des petits drapeaux en imitant, de manière spontanée, les manifestants engagés.

Les cris se sont fait le plus entendre quand les manifestants ont mis le feu au drapeau israélien. Un moment phare et symbolique applaudi par tous les présents qui attendent avec beaucoup d'espoir et impatience la libération des territoires palestiniens occupés depuis 1967.

Les manifestants se sont, par la suite, rapprochés de l'ambassade de France à Tunis protégée par des barricades sous haute protection sécuritaire. Il scandaient encore des slogans tels que "Le peuple veut l’expulsion de l'ambassadeur", dénonçant la politique pro-israélienne de Paris, en l'accusant de complicité dans l'agression en cours contre les Gazaouis, pris au piège d'un blocus qui dure depuis plus de 16 ans et d'une opération de "punition collective" lancée depuis quelques jours.

En effet, l'armée israélienne a bombardé, mardi soir, l'hôpital al-Ahli Baptiste à Gaza, faisant au moins 800 morts, une action largement condamnée par la communauté internationale, avant que l'armée de l'occupation ne s'en prenne encore à l'église Saint-Porphyre, vendredi, ce que le Comité présidentiel suprême pour le suivi des affaires ecclésiastiques en Palestine a qualifié de "crime de guerre". Une mosquée a également fait l'objet de bombardement, faisant des morts et des blessés parmi les civils.

"La demande de renvoi des ambassadeurs des pays hostiles est légitime"

Le secrétaire général adjoint de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT), Sami Cheffi, a déclaré samedi, au micro d'Anadolu, que la demande de limogeage des ambassadeurs est une revendication légitime et que dans les moments phares de l'histoire, ami et ennemi ne peuvent pas être égaux , soulignant que la position des Etats Unis ainsi que celle de l'Union européenne en général et de la France et de l'Allemagne en particulier sont très hostiles.

"Ces pays ont provoqué non seulement les émotions de tous les Tunisiens et de tous les Arabes mais également celles "des Français et des Occidentaux libres" qui ont dénoncé les positions appuyant le génocide et le meurtre délibéré", a-t-il ajouté, rappelant que la France réprimait les manifestants dans les rues de Paris et des autres villes.

Et de poursuivre: "Les Etats-Unis ont ouvertement manifesté des hostilités envers la Tunisie et exprimé leur implication direct dans "la bataille", C'est pas moi qui le prétends, c'est Joe Biden, le président américain, qui l'a affirmé, lors de sa réunion avec l'état-major israélien, en promettant la sécurité à l'entité sioniste, en lui envoyant un porte-avions et en établissant un pont aérien permanent avec lui".

"Il faut continuer de briser le silence par tous les moyens"

Le secrétaire général adjoint de la centrale syndicale a fait savoir que l'efficacité des manifestations antisionistes n'était pas questionnable.

"Le silence face à ce crime et à cette coalition internationale colonisatrice et sioniste qui s'en prend au peuple palestinien, doit être brisé. Il faut résister par tous les moyens, que ce soit à travers le volontariat, les aides financières ou la pression faite sur le régime arabe. Autrement, crier des slogans en y mettant du cœur est le moins que l'on puisse faire", a-t-il expliqué.

Pour Cheffi, Il est primordial de s'impliquer directement pour résister durant cette "bataille" qui ne concerne pas uniquement la Palestine ou la Bande de Gaza, mais qui s'installe surtout dans le cadre d'une série d'agressions sionistes à répétition.

Il s'agit, d'après lui, d'une question d'existence et non de frontières.

Une position arabe unifiée doit être formulée

"Une position au niveau des diplomaties arabes -qui doivent s'activer- doit être prise. Il faudra convoquer un vrai Sommet arabe et non une simple réunion protocolaire débouchant sur la publication de communiqués vains qui n'ajoutent rien à la Résistance. Tous les pays arabes, dont la position est respectable, doivent bouger pour faire pression afin de mettre en place un plus grand mouvement de soutien à la Palestine", a-t-il noté.

Cheffi a fait savoir qu'il était impensable, aujourd'hui de faire comme si de rien n'était car tous les pays arabes se trouveront dans une situation d'insécurité et dépendront par la suite des Etats-Unis et de l'Occident qui les feront chanter, de nouveau. Il faut résister, car la victoire est proche, d'après lui.

Qu'en est-il des partenaires et syndicats étrangers ?

L'UGTT dénonce la position de l'Union internationale des syndicats qui va à l'encontre des valeurs et des principes universels stipulés dans toutes les conventions sur les droits économiques, civils, sociaux et culturels et ce, en rendant public un communiqué dans lequel elle a mis le bourreau et sa victime sur le même pied d'égalité.

"Nous ne voulons pas être amis avec ceux qui qualifient les Palestiniens de "terroristes" et qui considèrent que les Israéliens sont des victimes car c'est ainsi qu'ils comptent légitimer les crimes sionistes", a-t-il lancé.

Faisant savoir que la Centrale syndicale suivait de près la position des syndicats arabes et internationaux, Cheffi a déclaré ce qui suit: "Nous avons adressé une correspondance à la Confédération générale du travail (CGT) en France pour lui exprimer notre soutien suite à la répression qu'elle a subite de la part de la police française. Cinq de ses membres ont été appréhendés".

Au niveau arabe, Cheffi a affirmé avoir appelé l'Union arabe des syndicats à se réunir dans les plus brefs délais, afin d'évaluer la situation et penser la position officielle à présenter au sujet de la question palestinienne, formulant l'espoir que certains syndicats se rétractent et changent de position.

Le 7 octobre à l'aube, le mouvement de résistance Hamas et d'autres factions palestiniennes ont lancé depuis Gaza l'opération "Déluge d'Al-Aqsa", en réponse aux "attaques incessantes des forces israéliennes et des colons contre le peuple palestinien, ses biens et ses lieux saints, en particulier la mosquée Al-Aqsa dans la partie occupée de Jérusalem-Est".

De son côté, l'armée israélienne a lancé l'opération « Épées de fer » et continue de mener des raids intensifs sur plusieurs districts de la bande de Gaza, où vivent plus de deux millions de Palestiniens qui souffrent de la détérioration de leurs conditions de vie en raison d'un blocus israélien imposé depuis 2006.

Lors de l’opération « Déluge d’Al-Aqsa », entre 200 et 250 Israéliens, dont des hauts gradés de l’armée israélienne, ont été capturés. Les factions de la résistance palestinienne veulent les échanger avec plus de 6 000 prisonniers palestiniens, dont des enfants et des femmes, incarcérés dans les geôles de l’État hébreu.

AA