Le Tribunal administratif tunisien a appelé, samedi, l'Instance des élections à mettre en œuvre sa décision de réintégrer 3 candidats à l'élection présidentielle dont les candidatures avaient été rejetées.
Cet appel intervient alors que la campagne électorale pour la présidentielle a été lancée ce samedi 14 septembre et se poursuivra pendant 21 jours, jusqu'au 4 octobre, avant la tenue du scrutin le 6 du même mois.
Dans une déclaration à l'Agence Anadolu, le porte-parole du Tribunal administratif, Faiçal Bouguerra, a affirmé que "le tribunal a envoyé hier, vendredi, une correspondance à la Commission électorale, concernant la nécessité d'exécuter les décisions judiciaires liées à l'annonce de la liste définitive des candidats et à la réinscription des trois candidats", sans plus de précisions.
Les noms dont l’inscription à la liste définitive des candidats est demandée sont : Abdellatif Mekki, secrétaire général du Parti du Travail et de la Réalisation (opposition), Mondher Zenaidi, ancien ministre du président Zine El Abidine Ben Ali (opposition), et Imed Daïmi, directeur de cabinet de l'ancien président Moncef Marzouki (opposition).
Le 2 septembre, l'Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie) avait annoncé sa décision de ne retenir que 3 candidats sur 17 dossiers de candidature, ce qui signifiait le rejet des décisions du Tribunal administratif concernant l'intégration de 3 autres candidats à la course présidentielle.
Le président de l'Isie, Farouk Bouaskar, avait annoncé lors d'une conférence de presse le 2 septembre que "le président Kais Saied, Ayachi Zemmal (Mouvement Azimoun – opposition) et Zuhair Maghzaoui (Mouvement populaire – pro-Saied), dont les dossiers avaient été approuvés le 10 août, étaient les seuls qui ont été finalement retenus pour l'élection présidentielle".
Bouaskar avait expliqué qu'"il n'était pas possible de consulter les copies des arrêts rendus par l'Assemblée générale du Tribunal administratif (tenue fin août) dans un délai de 48 heures à compter de la date de leur annonce, malgré la demande de l'Autorité concernant ces arrêts", selon la télévision officielle tunisienne.
Bouaskar se référait aux décisions rendues par le tribunal pour accepter les dossiers de 3 candidats dont les dossiers avaient été préalablement rejetés par l'Isie, affirmant que leurs dossiers n'étaient pas complets. Il s'agit de Mekki, Zenaidi et Daïmi.
Politiciens et activistes arrêtés
Il est à rappeler que des dizaines de politiciens, journalistes, activistes, juges et hommes d'affaires avaient été arrêtés dans le cadre d'une série d'opérations de détention lancée le 11 février 2023, et ce, pour "complot contre la sûreté de l’État", accusations perçues par certains comme une tentative de réprimer l'opposition.
Parmi les personnes arrêtées depuis février 2023 figurent notamment le secrétaire général du Parti de la République, Issam Ech-Chaâbi, le professeur de droit constitutionnel et membre du Front de Libération Nationale, Jawher Ben Mbarek, l'activiste politique Chaïma Issa, ainsi que l'ancien secrétaire général du Parti du Courant Démocratique, Issam Chebbi et Rached Ghannouchi du Mouvement Ennahdha.
Le 17 avril 2023, le leader d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, a été arrêté après une perquisition à son domicile, accusé d'avoir incité à la guerre civile lors d'une réunion. Cette arrestation avait suscité des réactions nationales et internationales.
Le président tunisien Kaïs Saïed avait affirmé alors que certaines figures politiques du pays avaient été arrêtées pour "complot contre la sûreté de l'État" et pour "des actions visant à aggraver la crise économique".
Plus récemment, le mouvement Ennahdha a indiqué, dans un communiqué (septembre 2024), que des dizaines de ses membres ont été arrêtés dans diverses villes du pays par les forces de sécurité, dont Muhammad al-Kelaoui, membre du comité exécutif du mouvement Ennahdha, ainsi que Muhammad Ali Buhatim, président de la région de Ben Arous.
Condamnant ces arrestations arbitraires, le communiqué affirme : "Nous dénonçons les arrestations arbitraires subies par nos membres, parmi lesquels figurent des femmes. Nous demandons la fin de cette oppression et la libération de nos membres arrêtés".
Les autorités tunisiennes n'ont pour l’heure pas fait de déclaration concernant ces arrestations.