La machine judiciaire poursuit sa progression en République Démocratique du Congo, plus d'un mois après la tuerie du 30 aout à Goma en RDC. Au moins 57 civils avaient été tués à Goma dans une opération militaire destinée à empêcher une manifestation contre l'ONU.
Au total, 144 personnes avaient été arrêtées après les faits, parmi lesquelles 29 mineurs. Ces derniers ont été orientés vers le tribunal pour enfants qui les a tous acquittés, a expliqué à l'Agence France Presse Me Didier Balume.
Le 115 autres personnes ont été poursuivies notamment pour "participation à un mouvement insurrectionnel" et "meurtre d'un policier".
Leur procès s'était ouvert le 1ᵉʳ septembre devant le tribunal militaire de garnison du Nord-Kivu (Est), a ajouté l'avocat.
Lundi, le tribunal a rendu son verdict : "63 prévenus ont été condamnés et 52 autres acquittés", a déclaré l'avocat. Le tribunal a "prononcé la peine capitale" contre le principal accusé, Efraimu Bisimwa, tandis que "les autres prévenus ont été condamnés à des peines allant de 10 à 20 ans de prison", a détaillé Me Didier Balume.
La peine de mort est souvent prononcée en RDC mais n'est plus appliquée depuis 20 ans et est systématiquement commuée en prison à perpétuité.
Efraimu Bisimwa est le leader de la secte qui avait appelé le 30 août à Goma à manifester contre la présence dans la région de l'ONU, de la force régionale d'Afrique de l'Est et d'ONG internationales.
Selon le dernier bilan officiel, la répression de cette manifestation par des militaires congolais avait fait 57 morts civils (majoritairement les membres de la secte) et entraîné un regain de tension à Goma, au cœur d'une région en proie aux violences de groupes armés et rébellions.
Pour cette répression meurtrière, un officier a été condamné à mort et trois autres militaires à dix ans de prison, tandis que deux ont été acquittés par la justice militaire le 2 octobre denier.
"Mes clients qui sont, en réalité, des rescapés d'un massacre" commis par les militaires, avaient "tous plaidé non coupables", a indiqué Me Balume. "Comment expliquer que les personnes qui sont victimes se retrouvent dans le box des accusés ?", s'est-il interrogé.
L'avocat a déploré par ailleurs que le tribunal soit allé "au-delà de la demande du procureur militaire qui avait requis 20 ans de prison pour M. Bisimwa" et des peines moins lourdes pour ses coprévenus.
Tous les condamnés ont fait appel, a conclu l'avocat.