Par Mamadou Dian Barry
Le chef de l’Etat du Nigeria assume la présidence tournante de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Il a succédé dimanche à Omarou Cissokho Embalo, président de la Guinée-Bissau et hôte de la 63è Conférence des Chef d’Etat de l’espace communautaire.
Le dirigeant a dans la foulée donné le ton de son mandat à la tête de l’organisation, fustigeant les coups de force comme un moyen d’arriver au pouvoir.
"Nous ne permettrons jamais que les coups (d’Etat) se succèdent en Afrique de l’Ouest ", at-il martelé sous les applaudissements de l’assemblée.
"Nous devons être fermes en matière de démocratie. La démocratie est la meilleure forme de gouvernance. Nous sommes ici parce que nous avons fait beaucoup de sacrifices pour la démocratie. Nous devons être l’exemple pour le reste de l’Afrique", a –t-il ajouté
Tinubu fait remarquer que sans la démocratie, il n’y a pas de liberté, il n’y a pas d’État de droit. « Nous ne permettrons jamais que les coups (d’Etat) se succèdent en Afrique de l’Ouest », a –t-il prévenu.
Le président en exercice de la CEDEAO déclare que l’Organisation aura une discussion sérieuse sur la question avec l’Union Africaine. "Nous allons envoyer des messages au reste du monde", a –t-il dit.
"Nous devons réagir, nous ne pouvons pas rester comme des chiens sans crocs à la Cedeao. Nous devons mordre comme il le faut. Avec la confiance placée en moi, je m’engage à œuvrer dans ce sens", a -t-il déclaré.
Le président Tinubu a, par ailleurs invité ses homologues, à travailler étroitement pour une intégration plus poussée au sein de la CEDEAO, assurant que "le Nigeria est de retour".
Des sanctions majeures
En conférence de presse, le président de la commission de la Cédéao, Oumar Alieu Touray, a annoncé des "sanctions majeures" contre le Mali, le Burkina Faso et la Guinée Conakry, en cas en cas de non-respect des échéanciers de 24 mois fixés aux trois pays en phase de transition pour un retour à l’ordre constitutionnel
"Les chefs d’Etat ont insisté sur le respect strict de l’échéancier électoral. Les autorités de transition ne doivent pas faire obstruction au travail des médiateurs. A défaut de respecter l’échéancier, des sanctions majeures pourraient s’en suivre", a indiqué M. Touray, assurant que la Conférence a exhorté les trois Etats à rester "fidèles à l’échéancier de transition de 24 mois de manière transparente, inclusive avec toutes les parties prenantes".
Touray n'a pas, pour autant, donné plus de détails sur la nature des sanctions majeures qu'il a évoquées.
Il a, toutefois, déploré le manque de collaboration des autorités de la transition dans les trois pays "tel que démontré par l’incapacité des trois médiateurs de la Cédéao à visiter les pays en transition avant le Sommet".
"La conférence a fortement exprimé son regret par rapport à cet état des choses", a-t-il insisté, assurant de la détermination de la Cédéao à fournir le soutien nécessaire au retour à l’ordre constitutionnel dans les trois pays.
Une régression démocratique
Le président sortant Umaro Sissoco Embalo a qualifié de nette régression -par rapport aux valeurs de l’Etat de droit et de la démocratie- la prise du pouvoir par les armes et la prolongation des durées des transitions au Mali, en Guinée et au Burkina Faso.
"Le retour à l’ordre constitutionnel normal dans ces trois pays frères est une nécessité impérative pour la stabilité politique et la promotion de l’Etat de droit démocratique pour le bien être de notre communauté sous régionale", a relevé le président bissau-guinéen dans son allocution d’ouverture du sommet.
L’envoyé spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, Leonardo Santos Simão a, pour sa part, appelé à tenir compte des situations spécifiques de chaque pays pour des transitions réussies.
La conférence a, par ailleurs, appelé à l'opérationnalisation de la force régionale de manière urgente.
La commission est chargée en collaboration avec les ministères des Etats membres de définir les modalités de contribution financière.
Les dirigeants se sont données rendez-vous dans un mois à Abuja pour un nouveau sommet de la conférence pour le suivi des dossiers.