Entre les États-Unis et le Tchad, l’heure est à la crispation des relations diplomatiques.
Une lettre datant du 4 avril dernier et dont l’authenticité a été confirmée à TRT Français par une source diplomatique à N'Djamena, semble remettre en cause la présence militaire américaine.
Le 30 mars dernier, en effet, le président de transition du Tchad, Mahamat Idriss Deby Itno, recevait en audience une délégation de sénateurs américains. D’après le politologue tchadien, Evariste Ngarlem Tolde, s’exprimant au micro de TRT Français, la tension entre les deux pays est née de cette audience.
Le sénateur Cory Booker du New Jersey et Sara Jacobs de Californie, accompagnés pour la circonstance par l’Ambassadeur américain au Tchad, Alexander Laskaris, “ont exprimé leur point de vue sur la situation des droits humains et le déroulement du processus électoral au Tchad”, entre autres.
“Leur perception de la situation n’a pas été du goût des autorités tchadiennes qui ont fait valoir leur statut d’État souverain”, relève Evariste Ngarlem Tolde.
Le 28 février dernier, en effet,Yaya Dillo, président du Parti socialiste sans frontières (PSF) et principal opposant, a été tué dans l’assaut de l’armée contre le siège de sa formation politique à N'Djamena.
“Il a été exécuté à bout portant” par les militaires, proteste Robert Gamb, secrétaire général du PSF. Une thèse rejetée par les autorités tchadiennes qui mettent en avant un citoyen recherché pour “tentative de meurtre” du président de la Cour suprême.
Juste après cette audience, explique à TRT Français, le politologue Evariste Ngarlem Tolde, “le président a instruit au chef d’état-major de l’armée de l’air, de faire le point sur la présence américaine à la base aérienne Adji Kossei. D’où cette lettre qui surprend tout le monde ici”.
En outre, le processus électoral de la présidentielle du 6 mai prochain est fortement contesté par une partie de la classe politique. Elle y voit une marche à pas forcés du président de transition vers le pouvoir.
Le 24 mars dernier, le Conseil constitutionnel tchadien a rejeté les candidatures des barons de l’opposition comme Nassour Ibrahim et Neguy Koursami Neguy, entre autres, pour vices de forme.
Pour le moment, les Américains n’ont pas encore réagi à ce que certains tchadiens considèrent comme du “chantage”.
“Nous sommes surpris par cette réaction, d’autant plus que les Américains sont en première ligne dans la lutte contre le terrorisme autour du Lac Tchad. Outre le matériel, ils fournissent aussi les formations à nos soldats”, explique le politologue.
“Après le départ annoncé des forces américaines du Niger, on s’attendait à ce qu’elles trouvent un point de chute ici comme l’ont fait les Français”, ajoute-t-il.
Outre les soldats américains, le Tchad abrite aussi des contingents de militaires de Hongrie et de France.
Le 24 janvier dernier, le président de transition, Mahamat Deby, a été reçu en grande pompe à Moscou par Vladimir Poutine, qualifiant même la Russie de “pays frère”.