L'opposant Tundu Lissu est rentré d'exil après la levée de l'interdiction des rassemblements politiques / Photo : AFP

Tundu Lissu, John Mnyika, le secrétaire général du parti, et Joseph Mbilinyi, un chanteur populaire et ancien candidat à la députation, ont été appréhendés dimanche dans la ville de Mbeya, dans le sud-ouest du pays, où Chadema devait organiser un rassemblement à l'occasion de la Journée internationale de la jeunesse, a indiqué à l'AFP John Mrema, directeur de la communication du parti d'opposition.

Il a précisé qu'environ 500 jeunes sympathisants avaient également été interpellés par la police alors qu'ils se rendaient au rassemblement, avant d'être reconduits chez eux.

La police a annoncé dimanche l'interdiction du rassemblement prévu du mouvement de la jeunesse du parti, en invoquant des risques de manifestations violentes.

Le parti a appelé environ 10.000 jeunes à se réunir à Mbeya pour célébrer la Journée internationale de la jeunesse sous le slogan "Prenez en charge votre avenir".

Le chef de Chadema, Freeman Mbowe, a "fermement" condamné ces arrestations.

"Nous exigeons la libération immédiate et inconditionnelle de tous nos dirigeants, membres et sympathisants qui ont été arrêtés dans différentes régions du pays", a-t-il écrit sur X.

"Le parti suit de près la situation et continuera d'informer le public de chaque évolution étape par étape", a-t-il poursuivi.

"Inquiétant"

Tundu Lissu, figure de l'opposition dans le pays d'Afrique de l'Est, est rentré en Tanzanie en janvier 2023, après plus de cinq ans d'exil. Il avait pris cette décision quelques jours après l'annonce de la levée de l'interdiction des meetings politiques d'opposition par la présidente Samia Suluhu Hassan.

Critique virulent du parti au pouvoir Chama Cha Mapinduzi (CCM), Tundu Lissu était revenu brièvement en Tanzanie en 2020 pour concourir à l'élection présidentielle face au président John Magufuli, qu'il avait qualifié de "dictateur".

La victoire du sortant - avec un score officiel de 84% des voix - a été contestée par l'opposition, qui avait appelé à manifester.

Après le scrutin, Tundu Lissu a reçu des menaces de mort et s'était alors réfugié chez des diplomates étrangers avant de pouvoir quitter le pays.

Après la mort soudaine du président John Magufuli, surnommé le "Bulldozer", en mars 2021, Samia Suluhu Hassan, qui lui a succédé, est revenue sur plusieurs des politiques les plus controversées de son prédécesseur et a promis des réformes réclamées de longue date par l'opposition.

L'optimisme suscité par ces premières décisions a été quelque peu douché par l'arrestation en juillet 2021 du président de Chadema Freeman Mbowe et de trois responsables du parti à Mwanza (ouest), où ils devaient participer à un rassemblement demandant des réformes constitutionnelles.

"C'est inquiétant, car cela ressemble beaucoup aux arrestations massives d'opposants que nous avons observées lorsque Magufuli était président. La Tanzanie ne devrait pas revenir dans cette direction, surtout à l'approche des élections", a affirmé Oryem Nyeko, chercheur sur la Tanzanie pour l'ONG Human Rights Watch (HRW).

M. Nyeko s'est également dit "surpris" par les arrestations, estimant toutefois que les autorités tentent d'éviter "un soulèvement" comme au Kenya voisin, secoué depuis juin par des manifestations anti-gouvernementales.

L'élection présidentielle en Tanzanie est prévue fin 2025.

AFP