Plusieurs dizaines de déplacés ont été tués dans le bombardement de leur camps dans le nord-kivu dans l'Est de la RDC / Photo: AFP

Trente-cinq cercueils sont alignés pour cette cérémonie dans le plus grand stade de la capitale provinciale du Nord-Kivu, avant une inhumation prévue à Kibati, dans le territoire de Nyiragongo, à une dizaine de km au nord de la ville.

Le 3 mai, des bombes étaient tombées sur des huttes de déplacés, qui sont plusieurs centaines de milliers agglutinés à la périphérie de Goma, chassés de leurs villages par l'offensive menée depuis fin 2021 par la rébellion du M23 ("Mouvement du 23 mars"), soutenue par Kigali.

Comme le gouvernement congolais, les Etats-Unis notamment ont accusé le M23 d'être à l'origine de ce bombardement sur le camp de Mugunga. Washington a même mis directement en cause "les forces armées du Rwanda", une accusation qualifiée de "ridicule" par Kigali.

Des sources concordantes faisaient alors état d'au moins 9 morts, dont plusieurs enfants. Quelques jours après, des sources humanitaires et un responsable du camp portaient le bilan à 15 morts, tandis qu'un ministre évoquait 35 morts et 37 blessés.

"J'ai perdu mon frère David dans le bombardement", déclare à l'AFP Espoir Bwesha, 23 ans, déplacé venu de Saké, à une vingtaine de km à l'ouest de Goma. David avait 19 ans. "Il se reposait dans sa hutte quand une bombe lui est tombée dessus", raconte tristement Espoir avant la cérémonie.

"Je veux que l'ennemi soit chassé et que la paix revienne", plaide le jeune homme, qui demande aussi que plus aucune "arme lourde" ne soit positionnée dans ou à proximité immédiate des camps de déplacés.

"Le 3 mai, deux enfants de ma petite soeur ont été tués", se lamente aussi Denise Baleye, 39 ans, une autre déplacée. Ils avaient 4 et 21 ans. "Que le gouvernement nous aide à regagner nos villages!", implore-t-elle.

Dans un communiqué, le gouvernement de la RDC condamnait le 6 mai cet "acte terroriste" et appelait à "des sanctions politiques et économiques conséquentes" contre le Rwanda.

"C'est un crime de guerre", a appuyé le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, présent mercredi à Goma.

En deux ans, le M23 et l'armée rwandaise se sont emparés de larges pans de territoire du Nord-Kivu, allant jusqu'à encercler presque entièrement Goma.

Le conflit a commencé à déborder vers la province voisine du Sud-Kivu, où un bombardement attribué au M23 a fait sept morts le 7 mai.

AFP