Les autorités congolaises ont mis en place une commission d’enquête pour vérifier les accusations visant des membres des forces de sécurité dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC) et un territoire de l’Ouest embrasé par des violences interethniques.
C’est une première commission officielle depuis l’explosion récente de la spirale des violences dans les deux régions.
Dans un arrêté signé jeudi soir par le vice-premier ministre congolais de la Défense, Jean-Pierre Bemba et consulté vendredi par Anadolu, les autorités précisent que la commission ad hoc a pour mission de "récolter les données, recueillir les éléments de preuve, identifier et entendre les auteurs présumés, les victimes éventuelles, les témoins ainsi que des renseignants".
La durée des travaux de la Commission est fixée à 30 jours renouvelables, précise le document. La commission placée sous la direction du général de brigade Arthur Mubenga comprend 20 officiers militaires dont des délégués de l’état-major de l’armée, de l’inspection générale, de l’auditorat militaire, du cabinet du ministre de la Défense et d’un civil délégué de la présidence de la République.
"Que ce soit dans l’Ouest ou dans l’Est, il sera question de vérifier le respect des règles d’engagement, de ciblage lors des combats et de la gestion des civils après ou pendant les combats", a déclaré à Anadolu, une source proche du dossier s’exprimant sous couvert d’anonymat.
Fin mars, l’ONG Human Rights Watch (HRW) avait souligné dans un rapport accablant que certains membres des forces de sécurité congolaises déployées pour endiguer les violences dans le territoire de Kwamouth (localité située dans la province du Mai-Ndombe, ndlr) "auraient commis des exactions, notamment des exécutions extrajudiciaires, des pillages et des violences sexuelles".
Quatre membres des forces de sécurité congolaises avaient été condamnés à mort pour l’exécution extrajudiciaire d’assaillants capturés, et huit autres ont été condamnés à des peines allant jusqu’à 20 ans de prison pour des exactions commises au cours d’opérations menées en réponse aux violences de Kwamouth, mais HRW avait jugé les procédures insuffisantes.
Quarante et un autres soldats et policiers avaient été placés en détention et font l’objet d’une enquête.
Le territoire de Kwamouth est embrasé par des violences impliquant des milices des communautés Téké et Yaka autour de conflits fonciers et de redevances coutumières.
Selon HRW, ces violences qui se sont étendues à ce jour à d’autres provinces voisines et qui atteignent les portes de la capitale Kinshasa, ont fait au moins 300 morts lors de cycles d’attaques et de représailles. Dans la province du Nord-Kivu, l’armée fait face à des dizaines de groupes armés dont les plus violents sont l’ADF (Forces démocratiques alliées) et le M23 (mouvement du 23 mars).
Les forces de sécurité ont été accusées soit de collusion avec des milices locales, soit d’exactions sur des civils.