Le Programme alimentaire mondial des Nations unies (PAM) affirme que "la grande majorité de sa population souffre de la faim" au Soudan, alors que le pays est au bord de l'effondrement après dix mois de guerre.
"À l'heure actuelle, moins de cinq pour cent des Soudanais peuvent s'offrir un repas complet par jour", a déclaré Eddie Rowe, directeur du PAM pour le Soudan, à la presse à Bruxelles.
Depuis avril dernier, le Soudan est en proie à des combats entre l'armée régulière et les forces paramilitaires de soutien rapide, qui ont fait des milliers de morts et créé ce que les Nations unies appellent "la plus grande crise de déplacement au monde".
Selon les Nations unies, 10,7 millions de personnes ont été déracinées par la guerre actuelle et les conflits précédents.
Une catastrophe humanitaire
Neuf millions de personnes sont toujours déplacées au Soudan, où, selon M. Rowe, "un cocktail mortel de conflits continus, de récoltes bloquées et de déplacements rampants et constants risque de plonger des millions de personnes supplémentaires dans un désastre humanitaire catastrophique".
Dans l'ensemble du Soudan, qui, selon le PAM, était déjà confronté à l'une des pires crises alimentaires au monde avant la guerre, 18 millions de personnes sont confrontées à une insécurité alimentaire aiguë.
Selon M. Rowe, "près de cinq millions d'entre elles sont au bord de la catastrophe", ce qui correspond à l'une des pires classifications d'urgence utilisées par le PAM, juste après la famine.
Depuis des mois, les organisations humanitaires mettent en garde contre le spectre de la famine qui plane sur le Soudan en raison des entraves à l'accès à l'aide humanitaire et du manque criant de fonds.
Mais les mêmes obstacles à l'acheminement de l'aide empêchent de déterminer l'ampleur de la catastrophe.
Pas d'accès
Selon Michael Dunford, directeur régional du PAM pour l'Afrique de l'Est, un problème majeur se pose en ce qui concerne "la disponibilité des données permettant de confirmer, d'une manière ou d'une autre, si les seuils (requis pour déclarer une famine) ont été atteints ou non".
Le PAM n'étant en mesure d'atteindre que 10 % des personnes dans le besoin, "il y a de vastes étendues du pays auxquelles nous ne pouvons tout simplement pas accéder", a déclaré M. Dunford aux journalistes.
Les régions les plus fertiles du Soudan auraient pu contribuer à éviter la famine, mais cet espoir s'est évanoui avec l'arrivée des combats dans les régions agricoles du pays.
En décembre, une avancée paramilitaire a porté la guerre dans l'État d'Al-Jazira, juste au sud de la capitale Khartoum, qui devait produire la majeure partie des céréales soudanaises pour la saison.
"Des milliers de petites exploitations et même de grandes fermes ont été désertées parce que les gens se déplacent, fuyant le conflit", a déclaré M. Rowe.
"À l'approche de la période de soudure, la crise ne peut que "s'aggraver".