Le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies a tiré la sonnette d'alarme concernant la situation au Soudan, affirmant que le pays africain est sur le point de devenir "la plus grande crise de la faim au monde".
Leni Kinzli, porte-parole du PAM au Soudan, a déclaré vendredi lors d'une conférence de presse virtuelle que l'agence "avertit que le temps est compté pour éviter la famine" et que l'escalade des affrontements à El Fasher entrave les efforts d'assistance humanitaire dans la région.
"Un an de ce conflit dévastateur au Soudan a créé une catastrophe alimentaire sans précédent et menace de déclencher la plus grande crise de la faim au monde", a-t-elle déclaré, ajoutant que l'aide alimentaire est limitée dans les régions d'El Fasher et du Darfour en raison des "combats et des obstacles bureaucratiques sans fin".
Mme Kinzli a indiqué qu'elle tentait d'atteindre 700 000 personnes avant le début de la saison des pluies, alors que les routes sont encore praticables, et qu'elle disposait de 8 000 tonnes de stocks alimentaires au Tchad, mais que la distribution était entravée par des contraintes.
Soulignant le besoin urgent du PAM d'un accès sans entrave et de garanties de sécurité, elle a insisté sur le fait que l'escalade du conflit à El Fasher affecte profondément les 1,7 million de personnes qui souffrent déjà de la faim.
Notant qu'environ 28 millions de personnes au Soudan et au Sud-Soudan sont confrontées à l'insécurité alimentaire, elle a appelé la communauté internationale à agir.
Mme Kinzli a également rappelé aux parties soudanaises leur obligation de respecter le droit humanitaire international.
L'armée soudanaise contrôle El Fasher et est soutenue par les mouvements armés qui ont signé l'accord de paix de Juba avec le gouvernement en 2020.
Des milliers de morts, des millions de déplacés
La guerre au Soudan a éclaté le 15 avril 2023 à la suite de désaccords entre le général Abdel Fattah al Burhan et le commandant des Forces de soutien rapide (FSR), Mohamed Hamdan Dagalo, au sujet de l'intégration de ces dernières dans l'armée.
Selon les estimations, près de 16 000 personnes ont été tuées dans les violences, et environ 2 millions de personnes ont fui le pays, principalement vers le Tchad, l'Égypte, l'Éthiopie et la République centrafricaine.
Environ 8,5 millions de personnes ont été déplacées à l'intérieur du pays.
De nombreux cycles de négociations ont été organisés, principalement sous la médiation de l'Arabie saoudite et des États-Unis, mais n'ont abouti à aucun résultat ni à aucune cessation des hostilités.