Par Mohamed Touzani
Les Marocains garderont en effet longtemps à l’esprit le cauchemar vécu cette soirée de vendredi, lorsque la terre a fortement tremblé dans une grande partie de leur pays. Des milliers d’entre eux ont passé la nuit à la belle étoile de peur de subir le même triste sort que leurs compatriotes de la province d’El Haouz, située près de la célèbre ville touristique de Marrakech, épicentre du tremblement de terre dévastateur.
Le lendemain, la peur et l’angoisse ont cédé la place à la solidarité avec les pauvres populations des zones sinistrées du haut Atlas.
"Ce sont nos compatriotes. On doit penser à ces pauvres personnes, surtout les enfants qui ont perdu un père, une mère ou les deux à la fois dans ce séisme", confie la responsable d’une association rencontrée par la TRT Afrika à Asni (50 km de Marrakech), venue de Tanger (nord) à la tête d’un convoi de trois véhicules chargés d’aides aux victimes.
En effet, de longues files d’attente se sont constituées dans toutes les villes pour des dons de sang en faveur des personnes blessées, qui sont soignées actuellement dans les hôpitaux de Marrakech et Agadir (Sud) disposant de grandes capacités d’accueil et de plateaux techniques et médicaux relevés.
Cet immense élan de solidarité citoyenne et spontanée a gagné toutes les grandes villes, villages et bourgades avec des opérations de collecte de vivres, médicaments, lait, tentes et de vêtements. Il faut dire que les Marocains ont répondu massivement à l’appel du cœur pour réconforter les sinistrés en ces moments de détresse et aider à panser leurs plaies.
"On pensait à tort que les Marocains ont perdu les notions et valeurs de solidarité et de partage. Cette catastrophe a montré qu’il n’en est rien et que les Marocains sont toujours unis dans l’épreuve", assure Ahmed, un jeune commerçant de Casablanca, la capitale économique du Royaume.
Avec ses trois amis, il a réussi, depuis les premières heures suivant la catastrophe qui a fait près de 3.000 morts selon un dernier bilan donné par le ministère de l’Intérieur, à réunir deux tonnes de lait, de farine, de conserves et de couvertures pour les populations rurales d’un petit village de Moulay Brahim dont il est originaire.
Cet incroyable mouvement solidarité a provoqué un encombrement sur toutes les routes menant aux régions du haut Atlas où les agents de la gendarmerie royale marocaine ont été déployés en force pour tenter d’organiser la circulation très dense des convois humanitaires et des incessants aller-retour des ambulances transportant les blessés vers les centres de soins.
"Du jamais vu. Cette solidarité met du baume au cœur en dépit des énormes dégâts causés par le séisme", témoigne un habitant d’Asni, qui affirme avoir perdu trois membres de sa famille dans ce tremblement de terre et qui attend de voir un traumatologue à l’hôpital militaire de campagne mis en place par l’armée marocaine pour soigner sur place les cas les moins graves.
Les villes du Sahara (sud) sont elles aussi en première ligne face au désastre avec un convoi exceptionnel de plus de 100 camions chargés d’aide qui s’est ébranlé mercredi de Laâyoune (900 km de Marrakech).
"En moments de joie comme en périodes de défi, le Maroc est uni et solidaire", écrit un site marocain après le lancement de ce convoi "gigantesque".
Les appels de détresse lancés par les sinistrés aux premières heures de la tragédie, et relayés sur les réseaux sociaux, ont également trouvé un large écho auprès des membres de la puissante diaspora marocaine qui a organisé des collectes de médicaments, du matériel et de tentes dans tous les pays d’accueil.
Et pas seulement. Les Marocains d’Espagne, de Belgique, d’Italie, des Pays-Bas et d’Allemagne s’organisent eux aussi pour venir à la rescousse de leurs compatriotes dans les régions touchées par cette catastrophe qui a rayé de la carte des villages entiers.
Le "Fonds spécial pour la gestion des effets du tremblement de terre qui touché le Royaume du Maroc", créé au lendemain du drame par le gouvernement marocain, a commencé à recevoir des contributions conséquentes des entreprises privées et organismes publics pour aider les victimes et engager la reconstruction des régions sinistrées.
Sur instructions du Roi Mohammed VI, qui s’est rendu mardi au chevet des blessés à Marrakech, le chef du gouvernement marocain, Aziz Akhannouch, a présidé une réunion consacrée à la reconstruction des logements qui se sont effondrés.
Jeudi, au 6ème jour de ce séisme inédit dans l’histoire du Maroc depuis celui d’Agadir en 1960 qui avait fait plus de 10.000 morts, les aides continuent d’arriver à flots ininterrompus aux zones montagneuses du haut Atlas.
Alors que les équipes de recherche marocaines et étrangères sont toujours à pied d’œuvre pour tenter de retrouver des survivants et pour extraire des décombres les personnes qui sont encore ensevelies, ce vent de générosité qui souffle sur tout le Maroc apporte une lueur d’espoir aux sinistrés dans des moments de détresse.