Le président chinois, Xi Jinping accueille le président tchadien Mahamat Deby au Forum sur la Coopération sino-africaine.

Après sa participation au Forum sur la Coopération sino-africaine (FOCAC) à Pékin, le chef de l’Etat tchadien, Mahamat Idriss Deby, absent des cérémonies du 80e anniversaire du débarquement en Provence le 15 août dernier, s’est aussitôt rendu à Budapest. Il répondait ainsi à une invitation du premier ministre hongrois, Viktor Orbán .

“Cette visite officielle marque ainsi une étape significative dans le renforcement des relations bilatérales entre le Tchad et la Hongrie, tout en ouvrant la voie à de nouvelles perspectives de coopération dans le domaine agricole, crucial pour le développement économique et social du Tchad”, peut-on lire sur le site internet du président tchadien.

Le 24 janvier dernier, Mahamat Deby s'est rendu à Moscou, à la rencontre de son homologue Russe Vladimir Poutine.

"Je suis venu en tant que pays ami, un pays frère, un pays souverain (qui veut) renforcer ses relations avec un pays ami", avait alors assuré le président tchadien.

Interrogé par TRT français, le journaliste et essayiste tchadien Eric Topona situe la visite du chef de l'Etat tchadien dans une logique d'émancipation de l’emprise française sur le Tchad.

“L'explication est toute simple. Le Tchad souhaite diversifier son partenariat pour ne pas être dépendant uniquement de la France”, souligne-t-il.

“Le président Mahamat Déby incarne un nouveau leadership d’insoumission au joug colonial”, renchérit pour sa part Bravo Ouaidou, ancien ministre de la Jeunesse et des Sports du Tchad.

Le Tchad demeure le dernier point d’ancrage de la France, en perte de vitesse en Afrique avec des revers au Mali, au Burkina Faso et au Niger.

Les forces françaises sont fortement présentes au Tchad depuis 40 ans. La principale base de l'armée française au Tchad se trouve à N’Djamena. Faya et Abéché abritent les deux autres bases, avec des avions de chasse, des avions de transport et des hélicoptères. Une force de projection terrestre est, également, présente avec des blindés et des hommes.

Au risque de se mettre à dos les opinions publiques africaines, la France n'avait pas hésité à soutenir le gouvernement tchadien pourtant décrié, suite à l’assassinat par l’armée de l’opposant Yaya Dillo et de la conduite du processus électoral.

"J'ai exprimé au président de la République à la fois notre admiration pour le processus qu'il a engagé au sein de son pays, également pour la capacité du Tchad à faire face en même temps à un certain nombre de menaces grâce à des forces armées engagées", déclarait alors, en mars dernier, à N'Djamena, Jean Marie Bockel “l’envoyé spécial” du président français Emmanuel Macron.

Paris menace

Visiblement, la diversification des partenaires initiée par Mahamat Deby ne serait pas bien perçue en France. C’est en tout cas l’impression qui se dégage de l’entourage du chef de l’Etat tchadien.

De ce fait, les récentes révélations de Médiapart au sujet d’une enquête diligentée par le Parquet national financier français (PNF), relativement à l'achat à Paris, de costumes, de chemises et autres vêtements de luxe, par le président de la République du Tchad sont perçues comme une instrumentalisation de la justice.

“Africains que nous sommes, ignorons l’existence d’une disposition juridique dans le code pénal français, condamnant l’acquisition de vêtements de luxe en France. Un paradoxe d’autant plus saisissant que les vêtements de luxe acquis frauduleusement par le président du Tchad, ont été cédés par des commerçants français en violation flagrante des lois de leur propre pays”, lance dans une tribune, Bravo Ouaidou, ancien ministre de la Jeunesse et des Sports du Tchad.

“En attendant donc que le fameux Parquet financier dénoue cet écheveau en débusquant tous les supposés délinquants tapis dans l'ombre (commerçants français, autorités françaises, justice française, etc.), poursuit-il, permettez-moi de pousser un cri de cœur face à cette hypocrisie, doublée de lâcheté et de mauvaise foi dont font montre les dirigeants français”.

Et l’ancien ministre de conclure à une “ tentative abjecte d’instrumentalisation à outrance de la justice française, dans le seul but d’exercer des harcèlements tous azimuts, et des intimidations rageuses à l’endroit du président Mahamat Déby”.

TRT Français