Le premier tour de l'élection présidentielle a lieu le 16 novembre à Madagascar. Mais la grande île de l'océan Indien est secouée depuis des semaines par de graves tensions entre le pouvoir et la dizaine de candidats qui s'opposeront dans les urnes au président sortant Andry Rajoelina.
Rassemblés dans un collectif de convenance au sein duquel chaque candidat se lance toutefois individuellement dans la course à la présidentielle, les opposants appellent régulièrement depuis plus d'un mois à descendre dans la rue. Ils dénoncent "un coup d'Etat institutionnel" orchestré selon eux par M. Rajoelina en vue du scrutin.
Ces manifestations ont été systématiquement dispersées par les forces de l'ordre avant qu'une "tolérance" des autorités ne soit dernièrement appliquée. Mais la place du 13 Mai à Antananarivo, lieu hautement symbolique et théâtre historique des contestations politiques sur l'île, est restée un terrain défendu pour l'opposition.
Début octobre, une tentative de rassemblement y avait été tuée dans l'oeuf par des jets de gaz lacrymogènes. La blessure au visage d'un candidat de l'opposition par un éclat de grenade lacrymogène avait conduit au report d'une semaine du scrutin, initialement prévu le 9 novembre.
N'abandonnant pas le bras de fer, le collectif d'opposants à une nouvelle fois appelé samedi à prendre la fameuse place, malgré une interdiction préfectorale. Les quelques centaines de protestataires, partis de plusieurs quartiers de la capitale, ont été dispersés bien avant d'atteindre les lieux.
Le gouvernement a regretté mercredi dans un communiqué "un acte de provocation inadmissible" avec ce nouvel appel de l'opposition et fustigé des candidats qui "ont manifesté publiquement une +volonté de renverser le pouvoir+ en place et entraver la tenue des élections".
Treize candidats sont en lice. Andry Rajoelina, 49 ans, avait accédé au pouvoir en 2009 à la faveur d'une mutinerie chassant Marc Ravalomanana. Interdit de se présenter par la communauté internationale en 2013, M. Rajoelina avait été élu en 2018.
L'opposition dénonce une série de récentes mesures favorisant, selon elle, M. Rajoelina. Parmi celles-ci, le rejet en septembre par la plus haute juridiction du pays de trois recours réclamant l'invalidation de la candidature de Rajoelina "pour défaut de nationalité malgache".
Fin juin, des informations divulguées dans la presse ont en effet révélé que le président avait été naturalisé français en catimini en 2014, déclenchant une polémique dans le pays.