Le Sénégal devrait organiser des élections présidentielles dès que possible, a déclaré l'Union africaine, quelques jours après que le président du pays, Macky Sall, a reporté le scrutin du 25 février à une date ultérieure.
C'est la première fois que le Sénégal reporte une élection présidentielle, et l'annonce faite par M. Sall samedi a plongé le pays dans des conditions constitutionnelles inexplorées qui, selon certains groupes de l'opposition et de la société civile, s'apparentent à un "coup d'État institutionnel".
Le Sénégal devrait "organiser les élections dès que possible, dans la transparence, la paix et l'harmonie nationale", a déclaré le président de la Commission de l'UA, Moussa Faki Mahamat, dans un communiqué publié dimanche en fin de journée.
"Elle (l'UA) encourage vivement toutes les forces politiques et sociales à résoudre tout différend politique par la consultation civilisée, la compréhension et le dialogue...", ajoute le communiqué.
Affrontements à Dakar
Les législateurs sénégalais devraient débattre lundi d'une proposition visant à organiser le vote le 25 août et à maintenir M. Sall au pouvoir jusqu'à l'installation de son successeur, selon le texte d'un projet de loi vu par Reuters.
Plus tôt dans la journée de dimanche, des affrontements ont éclaté à Dakar entre les forces de sécurité et des manifestants qui protestaient contre le report de l'élection présidentielle.
La police a tiré des grenades lacrymogènes pour disperser des centaines de manifestants menés par des personnalités de l'opposition. Les manifestants ont répondu par des jets de pierres, comme le montrent des images diffusées sur les réseaux sociaux.
Les médias locaux ont rapporté que plusieurs personnalités de l'opposition au report de l'élection présidentielle, dont l'ancien Premier ministre Aminata Touré, ont été arrêtées lors des manifestations de dimanche.
Suspension de la télévision privée
Les autorités ont suspendu le signal d'une chaîne de télévision privée après l'avoir accusée d'incitation à la violence.
La chaîne concernée par la décision du ministère de la communication est Walf TV, le service de diffusion télévisuelle du groupe de médias privé Wal Fadjri.
Ousseynou Dieng, directeur de la communication du ministère, a déclaré que la décision avait été prise en consultation avec le Conseil national de régulation de l'audiovisuel pour ordonner à Walf TV de "couper temporairement son signal pour incitation à la violence".
Cette décision ferait suite à la diffusion par la chaîne d'images des manifestations de dimanche à Dakar, déclenchées par le report des élections présidentielles.
Wal Fadjri a confirmé sur les réseaux sociaux le retrait définitif de sa licence par le gouvernement après avoir reçu un appel d'un fonctionnaire du ministère de la Communication.