Plus de 420 personnes, dont 264 civils, ont été tuées et plus de 3 700 ont été blessées dans les combats. (Reuters)

L'armée américaine a évacué par avion les fonctionnaires de l'ambassade du Soudan et les gouvernements internationaux se sont empressés d'évacuer leur personnel diplomatique et leurs citoyens bloqués dans la capitale, alors que des généraux rivaux se disputent le contrôle du troisième plus grand pays d'Afrique pour le neuvième jour.

Après une semaine de combats sanglants entre le groupe paramilitaire des Forces de soutien rapide (RSF) et l'armée soudanaise, les forces spéciales américaines ont rapidement évacué 70 membres du personnel de l'ambassade des États-Unis de Khartoum vers un lieu non divulgué en Éthiopie, tôt dimanche.

Bien que les autorités américaines aient déclaré qu'il était trop dangereux de procéder à une évacuation de citoyens coordonnée par le gouvernement, d'autres pays se sont empressés d'évacuer des citoyens et des diplomates.

La France, la Grèce et d'autres pays européens organisaient un exode massif dimanche. La porte-parole du ministère français des affaires étrangères, Anne-Claire Legendre, a déclaré que la France entreprenait l'opération avec l'aide de ses alliés européens.

Le ministre grec des affaires étrangères a déclaré que son pays avait envoyé des avions et des forces spéciales en Égypte, pays allié, afin de préparer l'évacuation de 120 Grecs de Khartoum. La plupart des personnes évacuées ont trouvé refuge dans une cathédrale orthodoxe grecque de la capitale, a déclaré Nikos Dendias.

Les Pays-Bas ont envoyé deux avions Hercules C-130 de l'armée de l'air et un Airbus A330 en Jordanie pour secourir 152 citoyens néerlandais au Soudan qui se sont rendus dimanche à un point d'évacuation non divulgué.

L'Italie a envoyé des jets militaires à Djibouti, pays du golfe d'Aden, pour extraire 140 ressortissants italiens du Soudan, dont beaucoup se sont réfugiés à l'ambassade, a déclaré le ministre italien des affaires étrangères, Antonio Tajani.

Le Premier ministre britannique, Rishi Sunak, a déclaré dimanche que les forces armées du pays avaient évacué le personnel diplomatique et les membres de leur famille du Soudan.

Le Canada a annoncé qu'il suspendait temporairement ses opérations diplomatiques au Soudan. Le service diplomatique du gouvernement a déclaré dans un communiqué que les diplomates "travailleraient temporairement à partir d'un lieu sûr situé à l'extérieur du pays", sans préciser ce lieu.

L'Égypte a exhorté les citoyens bloqués dans des villes autres que Khartoum à se rendre dans ses bureaux consulaires de Port-Soudan et de Wadi Halfa, dans le nord du pays, pour y être évacués, a rapporté l'agence de presse étatique MENA.

Par ailleurs, le ministre égyptien de l'émigration et des expatriés a demandé aux citoyens égyptiens à Khartoum de s'abriter sur place jusqu'à ce que les instructions d'évacuation soient annoncées.

Lutte pour le pouvoir

Les combats entre les forces armées soudanaises et le puissant groupe paramilitaire RSF ont pris pour cible et paralysé le principal aéroport international du pays, réduisant en ruines un certain nombre d'avions civils et détruisant au moins une piste d'atterrissage. D'autres aéroports à travers le pays ont également été mis hors service.

Les déplacements terrestres à travers les zones disputées par les partis rivaux se sont révélés dangereux. Khartoum se trouve à quelque 840 kilomètres de Port-Soudan, sur la mer Rouge.

Certains pays ont néanmoins poursuivi le voyage. L'Arabie saoudite a déclaré samedi que le royaume avait réussi à évacuer 157 personnes, dont 91 ressortissants saoudiens et des citoyens d'autres pays.

La télévision d'État saoudienne a diffusé des images d'un important convoi de Saoudiens et d'autres ressortissants étrangers voyageant en voiture et en bus de Khartoum à Port-Soudan, où un navire de la marine a ensuite transporté les personnes évacuées à travers la mer Rouge jusqu'au port saoudien de Djedda.

La lutte pour le pouvoir entre l'armée soudanaise, dirigée par le général Abdel-Fattah Burhan, et les forces de soutien rapide, dirigées par le général Mohammed Hamdan Dagalo, a porté un coup sévère aux espoirs de transition démocratique du Soudan.

Plus de 420 personnes, dont 264 civils, ont été tuées et plus de 3 700 ont été blessées dans les combats.

Burhan et Dagalo, tous deux en quête de légitimité internationale, se sont accusés mutuellement d'entraver les efforts d'évacuation des fonctionnaires diplomatiques étrangers.

Alors que la violence fait rage, les hôpitaux disent avoir du mal à faire face à la situation. Selon le Syndicat des médecins soudanais, qui surveille les victimes, de nombreux morts et blessés ont été bloqués par les combats, ce qui laisse penser que le nombre de morts est probablement plus élevé que ce que l'on sait publiquement.

Le conflit a laissé des millions de Soudanais bloqués chez eux, à l'abri des explosions, des tirs et des pillages, sans électricité, nourriture ou eau.

AP