Dans son numéro paru dans la journée du mardi, le Journal Officiel de la République tunisienne (JORT) a publié un décret présidentiel précisant que "L'état d'urgence est étendu à l'ensemble de la République tunisienne, à compter du 31 janvier 2024, jusqu'au 31 décembre 2024".
L'état d'urgence confère au ministère de l'Intérieur des pouvoirs exceptionnels, comme notamment l'interdiction des réunions, l'imposition de couvre-feux, les perquisitions de magasins, la surveillance de la presse, des publications, des émissions de radio et des représentations cinématographiques et théâtrales.
Ces pouvoirs sont exercés sans autorisation préalable du pouvoir judiciaire, ce qui suscite de plus en plus de critiques locales et internationales.
Les mouvements d'opposition en Tunisie expriment des craintes de voir utiliser l'état d'urgence à mauvais escient, contre ceux qui rejettent les mesures d'exception imposées par Saïed depuis le 25 juillet 2021, installant le pays dans une crise politique persistante.
Parmi ces mesures figurent la dissolution du Conseil supérieur de la magistrature et du Parlement, l'adoption de lois par décrets présidentiels, la tenue d'élections législatives anticipées le 17 décembre 2022 et l'approbation d'une nouvelle Constitution par référendum le 25 juillet 2022.
Plusieurs mouvements politiques tunisiens ont considéré ces mesures comme "une consécration du pouvoir autocratique", à un moment où d’autres mouvances tunisiennes les ont considérés comme "une restauration du cours de la révolution de 2011", qui a renversé le régime du président de l’époque, Zine el-Abidine Ben Ali (1987-2011).
Kaïs Saïed, qui a entamé un mandat présidentiel de cinq ans en 2019, a affirmé que ses mesures étaient "nécessaires et légales" pour sauver l’État d’un "effondrement total".
Le président tunisien a prolongé l’état d’urgence du 31 janvier 2023 jusqu’au 31 décembre de la même année, avant d'apporter une nouvelle prolongation jusqu’au 30 janvier 2024.
Vers la fin de l'année 2015, la Tunisie a déclaré l'état d'urgence à la suite d'un incident terroriste, et l'a prolongé à plusieurs reprises depuis cette date.
En mai 2011, la Tunisie a été le théâtre d'actes terroristes, dont l'intensité s'est intensifiée en 2013, coûtant la vie à des dizaines de policiers, de militaires et de touristes étrangers.