Le Bénin a bloqué le passage du fleuve qui marque la frontière avec le Niger voisin, ont indiqué jeudi des sources à l'AFP, dans une escalade des tensions depuis la prise de pouvoir par les militaires à Niamey en juillet dernier.
Une source proche du gouvernement béninois a confirmé que le passage de la rivière était désormais fermé.
"Le fleuve fait partie de la frontière. Le Niger dit que ses frontières avec le Bénin sont fermées. C'est une conséquence", a déclaré cette source à l'AFP.
"Avec le flux de personnes sur le fleuve et les bateaux dont personne ne contrôle le chargement, si une tragédie se produit, ce ne sera pas bon".
Arrêt du trafic sur le fleuve
Selon un responsable militaire béninois de la ville de Malanville, un officier de police de la zone et des habitants qui ont parlé à l'AFP, le pont de Malanville, qui assure le passage de la frontière entre les deux pays, reste fermé du côté nigérien, mais le transport de marchandises sur le fleuve Niger est également désormais interdit.
"La suspension a été progressive. Nous avons d'abord interdit le passage des marchandises, maintenant il n'y a plus de trafic sur l'eau", a déclaré à l'AFP un responsable militaire sous couvert d'anonymat car il n'était pas autorisé à parler aux médias.
"Nous avons été déployés pour empêcher tout embarquement ici".
Un habitant de Malanville, qui n'a donné que son prénom, Alassane, a déclaré qu'il y avait maintenant un important déploiement de la police et des troupes béninoises dans la zone.
Plusieurs habitants de Malanville ont déclaré à l'AFP que des Nigériens avaient été dispersés par les troupes de l'autre côté car ils ne pouvaient pas traverser le fleuve.
A l'origine de la vie chère
La fermeture du trafic fluvial est la dernière d'une série de décisions ayant un impact sur le commerce entre les deux pays.
M. Talon a accusé le trafic frontalier informel d'être à l'origine de l'augmentation du coût de la vie au Bénin, qui a déclenché le mois dernier un mouvement de protestation contre la cherté de la vie.
Au début du mois, le Bénin a déclaré qu'il autoriserait les exportations de pétrole nigérien via son port de Seme, afin de résoudre l'un de leurs différends.
Un premier navire chargé d'un million de barils de pétrole brut a quitté les eaux béninoises dimanche, a déclaré le gouvernement, tout en précisant qu'il s'agissait d'une mesure « provisoire ».
"Un ennemi"
La frontière est restée officiellement fermée du côté nigérien, mais jusqu'à présent, le Bénin avait fermé les yeux sur le transit informel vers le Niger de denrées alimentaires, en particulier de céréales, par bateau sur le fleuve Niger, en signe de solidarité avec son voisin.
Ces dernières semaines, les deux pays se sont lancés dans des accusations de plus en plus vives au sujet de la circulation des marchandises.
Mais le maintien de la fermeture de la frontière du côté nigérien a irrité le président béninois Patrice Talon, qui a déclaré que le Niger le traitait comme « un ennemi ».