Les autorités béninoises et françaises ont catégoriquement rejeté les accusations nigériennes concernant l'existence de bases militaires françaises au Bénin. Selon Niamey, cette situation justifie le maintien de la fermeture de la frontière entre les deux pays.
En réponse à une question d'Anadolu, ce jeudi, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères béninois, Wilfried Léandre Houngbédji, a qualifié ces accusations "d'affabulations."
Il a déclaré que son "pays, contrairement au Niger jusque dans un passé récent, ne dispose d'aucune base militaire étrangère". Houngbédji a ajouté que le Bénin construit depuis 2022 de petits camps militaires dans les zones frontalières avec le Burkina Faso et le Niger pour prévenir et lutter contre le terrorisme. "Les tentatives d'incursions djihadistes que nous enregistrons proviennent essentiellement de ces deux pays," a-t-il précisé.
En réponse aux accusations de Niamey de formation de terroristes sur le sol béninois, le porte-parole a insisté que son "pays n'abrite aucune cellule terroriste sur son sol et, par conséquent, ne forme pas de terroristes pour aller attaquer un autre pays." Il a ajouté que le Bénin n'a pas fait le choix du "populisme", critiquant implicitement les autorités nigériennes.
Paris dément
Également interrogé par Anadolu, l'État-major des Armées françaises a indiqué qu'il "n’existe pas au Bénin de base militaire française (les seuls militaires permanents sont l’attaché de défense et les coopérants qui sont détachés auprès du Ministère de l'Europe et des Affaires étrangères)."
L'état-major précise toutefois qu'il y a "ponctuellement des Détachements d’instruction opérationnelle (DIO) temporaires et de courte durée qui peuvent y être déployés composés de militaires issus des Éléments français au Sénégal ou des Éléments français en Côte d'Ivoire pour appuyer, à leur demande, les forces armées béninoises par des actions de formation et d’entraînement."
L'État-major français précise par ailleurs que la France compte actuellement cinq implantations militaires en Afrique : au Tchad, au Sénégal, en Côte d’Ivoire, au Gabon et à Djibouti.
Pour sa part, Christophe Lemoine, porte-parole adjoint du Quai d'Orsay, a affirmé que, "par principe, il est évidemment faux qu'il puisse y avoir une quelconque formation de terroristes sur nos bases militaires." Il a renvoyé les journalistes aux déclarations des autorités béninoises pour plus de détails.
Les accusations nigériennes surviennent dans un contexte de tensions accrues entre les deux pays depuis le coup d'État du 26 juillet 2023 au Niger. Les relations se sont détériorées après que le Bénin a interdit l'embarquement du pétrole brut nigérien à partir du port de Sèmè en réaction à la fermeture de la frontière par le Niger.
Le Premier ministre nigérien de transition, Ali Mahamane Lamine Zeine, a justifié la fermeture de la frontière en affirmant qu'il y a "au moins cinq camps de l'armée française au nord du Bénin, près de la frontière nigérienne, soutenant que des terroristes sont entraînés dans certains de ces camps pour venir déstabiliser le Niger." Le président béninois Patrice Talon a réagi en soulignant que le Bénin ne permettra pas le chargement de produits nig ériens tant que la frontière reste fermée.