Au début du XXe siècle, les ossements des Herero et des Nama, qui les avaient apportés en Allemagne pour des "recherches scientifiques", ont été remis au gouvernement namibien. La cérémonie s'est déroulée à Berlin, en présence des représentants des populations locales Herero et Nama, de la ministre de la culture de Namibie, Katrina Hanse-Himarwa. Photo : AA

Le président allemand Frank-Walter Steinmeier était à Windhoek pour rendre hommage à son homologue Hage Geingob, décédé le 4 février et qui sera inhumé dimanche.

La cérémonie commémorative de samedi lui a toutefois rappelé que l'Allemagne n'avait pas encore convenu de réparations pour le massacre des peuples Herero et Nama, perpétré entre 1904 et 1908.

En mai 2021, l'Allemagne a reconnu que les massacres perpétrés par ses troupes constituaient un génocide et a proposé de financer des projets de développement à hauteur de 1,1 milliard d'euros (1,2 milliard de dollars) sur 30 ans.

Incapacité de Berlin à tirer les leçons

Pour de nombreux Namibiens, y compris certains hauts fonctionnaires, cette offre n'est pas suffisante et n'équivaut pas à des réparations officielles. Des négociations sont en cours.

L'Allemagne a également été critiquée par la Namibie pour son soutien à Israël, malgré le nombre considérable de victimes civiles de ses opérations en cours à Gaza.

L'Allemagne a livré les ossements des Herero et des Namas. Photo : AA

L'un des derniers actes de M. Geingob, avant sa mort à l'âge de 82 ans, a été de déplorer ce qu'il a appelé "l'incapacité de l'Allemagne à tirer les leçons de son horrible histoire".

Lors de la commémoration de samedi, McHenry Venaani, chef du Mouvement démocratique populaire (PDM), l'opposition politique officielle de la Namibie, s'est directement adressé à M. Steinmeier.

"Notre peuple attend que l'affaire du génocide allemand en Namibie soit réglée", a-t-il déclaré,

"Nous vous demandons, à votre retour, de faire en sorte que ce qui se trouve sur la table des négociations crée un accord respectable au nom de notre peuple. Il s'agit d'un accord honorable qui nous permettra de clore ce chapitre".

Assumer la responsabilité du passé

Le chef de l'État allemand, contrairement à celui de la Namibie, n'est pas un président exécutif et ne serait pas directement impliqué dans la fixation d'un montant de compensation. Toutefois, M. Steinmeier a déclaré que l'Allemagne s'engageait à améliorer les relations entre les deux pays.

L'Allemagne a livré les ossements des Herero et des Namas. Photo : AA

"Le chemin de la réconciliation sur lequel nous nous sommes engagés il y a près de dix ans n'a pas été facile, mais ensemble, nous sommes allés très loin et nous voulons aller plus loin", a-t-il déclaré.

M. Steinmeier a déclaré que M. Geingob lui avait dit à la fin de l'année dernière qu'il souhaitait pouvoir signer une déclaration commune germano-namibienne pour tirer un trait sur le génocide.

"Et vous savez, la réconciliation ne consiste pas à clore le passé, mais à assumer la responsabilité de notre passé et à s'engager pour un avenir meilleur", a déclaré M. Steinmeier lors de son hommage au président défunt.

"J'espère pouvoir retourner dans ce pays très bientôt et dans d'autres circonstances, car je suis convaincu qu'il est grand temps de présenter des excuses au peuple namibien.

AFP