Le président tunisien Kaïs Saïed a critiqué, dimanche, la politique de l'Occident à l'égard de l'Afrique, et appelé à l'annulation des dettes des pays du continent et à ce que les bailleurs de fonds créent un fonds international pour soutenir ces pays.
C'est ce qui ressort de l'allocution prononcée par Saïed à l'occasion de l'ouverture de la "Conférence internationale sur le développement et la migration", dans la capitale italienne, Rome.
"Les ventes d'armes aux pays africains alimentent les conflits, alors que toutes ces richesses gaspillées en armes pourraient être consacrées à l'élimination de la famine en Afrique ", a déclaré Saïed.
"Il faut allouer un nouveau fonds international financé par les bailleurs de fonds, et s'efforcer d'annuler les dettes qui pèsent sur les pays africains" a-t-il poursuivi.
À la fin de l'année 2022, la dette de l'Afrique s'élevait à environ 1 000 milliards de dollars, alors que 22 pays africains souffrent du fardeau de la dette ou sont incapables d'honorer leurs obligations financières envers leurs créanciers, selon le Fonds monétaire international (FMI).
Le président tunisien a souligné que "la sécurité ne sera pas instaurée et la stabilité ne sera pas atteinte si nous ne sommes pas capables de déterminer les causes et les racines de l'inégalité et de l'insécurité... ces corps que nous voyons sous nos yeux (dépouilles de migrants irréguliers) sont le résultat de l'absence de sécurité".
"Nous assistons depuis quelques années à des opérations de trafic d'êtres humains et d'organes, le peuple tunisien est sensible au respect de l'être humain que sont les migrants et les réfugiés, mais il s'oppose à ces organisations criminelles", a ajouté Saïed.
La Tunisie peine à faire face à l’augmentation remarquable du nombre de migrants irréguliers transitant par ce pays dans le but de traverser la Méditerranée vers l'Europe, en particulier vers les côtes italiennes, en raison des répercussions des crises économiques et politiques dans le pays africain et dans d'autres pays du continent, en particulier en Afrique sub-saharienne.
Le 16 juillet, la présidence tunisienne a annoncé la signature d'un mémorandum d'entente avec l'Union européenne, portant sur un "partenariat stratégique et global" entre les deux parties dans des domaines tels que la promotion des échanges commerciaux et la lutte contre la migration irrégulière, représentant une valeur de plus de 750 millions d'euros (834 millions de dollars environ).
Cette décision a été prise à l'issue d'une réunion au Palais de Carthage, à laquelle ont participé le président Saïed, la présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen, la première ministre italienne, Georgia Meloni, et le premier ministre néerlandais, Mark Rutte.
La Tunisie traverse une grave crise économique, exacerbée par les répercussions de la pandémie de coronavirus, le coût élevé des importations d'énergie et de matériaux de base en raison de la guerre russo-ukrainienne, et une augmentation du nombre de migrants en situation irrégulière sur son territoire.