Les ministres des affaires étrangères de l'Union européenne se réunissent jeudi en Espagne pour discuter de leur réponse au coup d'État perpétré le mois dernier au Niger, y compris d'éventuelles sanctions, alors qu'ils examinent également la nouvelle selon laquelle des officiers militaires ont déclaré avoir pris le pouvoir au Gabon.
L'instabilité dans les pays d'Afrique de l'Ouest et d'Afrique centrale sera un thème majeur de la réunion informelle dans la ville médiévale de Tolède, de même que les discussions sur la guerre en Ukraine avec le ministre ukrainien des affaires étrangères, Dmytro Kuleba.
Hassoumi Massoudou, ministre des affaires étrangères du gouvernement déchu du Niger, et Omar Touray, chef de la commission du principal bloc régional d'Afrique de l'Ouest, la CEDEAO, participeront aux discussions.
"Il est clair que le coup d'État au Niger ouvre une nouvelle ère d'instabilité dans une région qui était déjà très fragile, ce qui compromettra la stabilité de la région", a déclaré Josep Borrell, chef de la politique étrangère de l'UE, à des journalistes à Tolède mercredi.
Au cours de la dernière décennie, les pays d'Afrique de l'Ouest et d'Afrique centrale se sont efforcés de se débarrasser de leur réputation de "ceinture de coup d'État", mais l'insécurité persistante, les élections contestées et la corruption systémique ont ouvert la voie à une série de prises de pouvoir par les militaires.
Situation au Gabon
Les fonctionnaires européens ont déclaré qu'ils essayaient encore de comprendre les événements qui se sont déroulés au Gabon aux premières heures de la matinée de mercredi.
M. Borrell a déclaré que l'UE "progressait" dans l'élaboration d'un cadre juridique pour les sanctions à l'encontre du régime militaire nigérien et que les ministres des affaires étrangères en discuteraient plus en détail jeudi.
L'UE et la CEDEAO ont déjà imposé des mesures économiques et politiques punitives au Niger, mais ce cadre permettrait à l'UE de cibler des personnes et des organisations spécifiques.
"Pas de chèques en blanc"
M. Borrell a déclaré mercredi, à l'issue d'une réunion des ministres de la défense de l'UE, que l'UE s'efforcerait de refléter les mesures prises par la CEDEAO.
Des diplomates ont indiqué qu'un autre sujet de discussion était la manière dont l'UE devrait réagir si la CEDEAO demandait une aide financière pour une intervention militaire visant à restaurer le gouvernement déchu du Niger.
Interrogé sur la question de savoir si l'UE soutiendrait une intervention militaire ou comment elle y répondrait, M. Borrell a répondu : "Nous en discuterons également, mais nous devons évidemment savoir de quoi il s'agit, comment, quand, où et de quelle manière. Nous ne pouvons pas signer de chèques en blanc".