Le 43e Bima de Port-Bouët est la plus grande base française sur le continent africain après Djibouti  (Photo : Reuters)

Dans le camp militaire de Port-Bouët, près d'Abidjan, une dizaine de soldats ivoiriens débriefent leur séance de tir couché avec leurs homologues français. A quelques jours de la rétrocession officielle de la base à la Côte d'Ivoire, les deux armées assurent avancer main dans la main.

A l'entrée, les miradors ont été repeints aux couleurs orange, blanche et verte, mais sur la place d'armes les drapeaux des deux pays flottent encore.

Le 20 février, le camp sera officiellement rétrocédé par la France à la Côte d'Ivoire, lors d'une cérémonie en présence des ministres de la Défense des deux pays.

Le 43e bataillon d'infanterie de marine (43e BIMa) deviendra le camp Thomas d'Aquin Ouattara, du nom du premier chef d'Etat-major de l'armée ivoirienne dont le portrait est prêt à être dévoilé le jour J sur la façade du poste de commandement.

Chassés de toutes parts

Chassée ces dernières années du Mali, du Burkina Faso et du Niger par les militaires qui dirigent ces pays, l'armée française a également récemment dû quitter le Tchad en quelques semaines.

Le Sénégal a également annoncé le départ de troupes françaises d'ici fin 2025.

Mais sur la base de Port-Bouët, tout le monde insiste sur la totale coopération entre les deux armées, dans le cadre d'un processus initié en 2023.

Depuis quelques semaines, une petite centaine de parachutistes ivoiriens ont même déjà pris leurs quartiers sur place.

Départ en douceur

"Nous effectuons quotidiennement de l'entraînement au combat, des activités de cohésion avec nos partenaires français. La cohabitation est très bonne", assure le capitaine Ange Yoboué Kouamé, chef du détachement des parachutistes.

Sur le stand de tir, l'adjudant-chef français Frédéric supervise l'une des premières séances de l'armée ivoirienne sur place.

"On est juste là avec deux moniteurs pour les conseiller, les appuyer. Par la suite, ils seront autonomes", explique t-il.

Lire aussi : Côte d'Ivoire : L'armée française restitue son camp de tirs et d'exercice à l'armée ivoirienne

La rétrocession de la base intervient sans dénonciation des accords militaires avec l'ex-puissance coloniale qui, elle, évoque une volonté française de redessiner sa présence militaire en Afrique.

Les liens entre les deux armées remontent à 1961, et un accord de défense signé au lendemain de l'indépendance.

Le 43e BIMa s'est installé en 1978 sur cette base stratégique, située à quelques km de l'aéroport d'Abidjan, mais la présence militaire française remonte à l'époque coloniale.

Répression de civils ivoiriens

En 2002, après une tentative de coup d'Etat contre le président de l'époque Laurent Gbagbo et la prise de contrôle d'une partie du pays par des rebelles, la France avait mis en place la force Licorne pour, soutient-elle, protéger ses ressortissants et tenter de stabiliser le pays.

En novembre 2004, le 43e BIMa avait servi de refuge à des centaines de civils français. Des milliers de manifestants pro Gbagbo, qui avaient convergé vers la base en réclamant le départ de Licorne, jugée complice des rebelles, avaient été réprimées, faisant plusieurs morts dans les rangs des civils ivoiriens. Au plus fort de cette crise, la France a compté plus de 5.000 militaires dans le pays.

Bombardement de la résidence de Gbagbo

En avril 2011, quelques mois après une élection présidentielle aux résultats contestés par Laurent Gbagbo, Licorne avait mené des bombardements sur la résidence du président sortant, qui sera finalement arrêté. La mission de la force a pris fin en 2015.

Le retrait français doit s'opérer progressivement au cours de l'année 2025 mais une centaine de soldats français va se maintenir pour des missions de formation et d'accompagnement.

La rétrocession du camp de 230 hectares va aussi permettre à la Côte d'Ivoire de former davantage de troupes sur place.

TRT Afrika et agences