Les prestations scéniques de Big Row sont fortement imprégnées de sa culture locale. Photo / TRT Afrika

Par Firmain Éric Mbadinga

Pour faire danser les foules, l'artiste Big Row a plus d'une note dans ses cordes vocales. Le rappeur à la voix rock qui est depuis bien connu dans l'univers musical gabonais, a choisi pour style une tendance qui allie rythme traditionnel gabonais et tendance du moment pour un résultat qu'il nomme ;Tradigansta Flow.

‘’Le retour aux sources est un sujet que j’évoque beaucoup, car il est vital de se connaître et pour mon pays, le Gabon, l’appropriation de nos valeurs culturelles est obligatoire, pour être un homme équilibré qui se connaît et connaît le monde. Mon style de rap que j’ai baptisé ' Tradigansta Flow' résulte du besoin de m’affirmer tel que je suis.’’ explique Big Row à TRTAfrika.

Et à en croire le nombre de vues et de commentaires que génèrent ses clips sur de nombreuses plateformes, Big Row a des fans à l'échelle continentale et même au-delà.

Pour son clip '' LA FINITION'', sur YouTube, l'abonnée @Kyoko973,a par exemple laissé ce commentaire : ''Salutations de Guyane ! Si y a un océan qui nous sépare, les paysages, les rythmes, le thème sont si proches de nous. Ce travail est touchant !''.

À ce jour, la qualité des sonorités proposées par Big Row lui a valu, entre autres distinctions, la 2ᵉ place à la 17ᵉ édition du Festival Stars de l'Intégration Culturelle Africaine Sica au Cameroun où était réunie une trentaine de pays africains du 16 au 26 novembre 2023.

Big Row se décrit comme un "défenseur" de la culture africaine. Photo : TRT Afrika

Les messages

Dans ses messages exprimés à travers des textes écrits et rappés en langue, Guisir, une langue parlée par l'ethnie Éshira dont il est issu, Ivan KOUMBA, de son vrai prénom et nom, parle de la vie en société, de l'amour, des valeurs culturelles chères à l'Afrique telles que le respect des aînés, la fierté de l'identité africaine ou encore le goût de l'effort. ''À la base, je suis un défenseur des valeurs traditionnelles, culturelles et morales.'' explique Big Row à TRTAfrika.

''J'exhorte et je motive, comme c'est le cas sur des titres comme ''Chasser le Nguembe'' et ''L'étoile de la famille'', je conseille. C'est aussi le cas dans le titre 'boy a change', où je parle de la notion de ‘responsabilité’ face aux tentations de la vie. Je chante la beauté de l'Afrique dans le titre ' kandindindi'.'' développe un peu plus le chanteur en pleine tournée lors de son entretien avec TRTAfrika.

Son amour pour l'identité et la tradition africaine est très représenté à travers la plupart des clips vidéo de l'artiste dans lesquels, lui, tout comme les acteurs qui l'entourent, dansent dans des tenues tissées dans du raphia ou en pagne africain, sur des mélodies dont les percussions et le tam-tam accompagnent sa voix imposante.

''Mon objectif est de parcourir le monde entier afin de faire connaître la culture gabonaise et d’Afrique en général'' lance le rappeur qui souligne au passage '' faire des entrées'' grâce à la musique.

Celui qui est aujourd'hui considéré comme un modèle et ambassadeur de la culture bantoue a commencé sa carrière artistique en 1998. Après des débuts très remarqués à Port-Gentil, la capitale économique du Gabon, alors qu'il était encore lycéen. Malgré le succès qu'il a donc connu assez jeune, Big Row prendra le temps de terminer ses études secondaires et universitaires.

C'est donc en 2007 que le diplômé en droit privé spécialité juriste d'entreprise sortira son premier EP de 5 titres dénommé ''SYPHONIE D'AFRIQUE''.

Ensuite, la signature lyrique et la vocale du natif du village Ndoungou dans la province de l'Ogooué Maritime, attirent en 2013 l'attention de la star nigériane WIZKID avec qui il collabore sur le remix du titre ''OLE''.

En juin de la même année, sa performance scénique lors de la célébration de la fête de la musique lui vaudra une parution au journal officiel du Gabon, de quoi lui donner le courage de rêver encore plus grand.

'' Je suis un africain, le rap, je l’ai écouté dans mon village pendant les vacances, un grand frère écoutait du hip-hop français et des USA et j’ai décidé d’en faire tout en restant moi-même ''. explique le rappeur à TRTAfrika.

Big Row à la 17ᵉ édition du festival international Sica, au Cameroun, festival qui réunit une trentaine de pays africains.

Désormais à la tête de son propre label de production, Big Row est presque le seul chanteur évoluant dans le rap à s'exprimer en langue locale dans un pays où la langue nationale et officielle est le français.

Sa musique l'a amené à côtoyer le chef militaire gabonais Brice Oligui Nguema. Photo / TRT Afrika

Dans d'autres pays de l'espace francophone comme la RDC ou le Sénégal, Big Row ne se sentirait peut-être pas si seul que cela, car dans ces pays, les rappeurs, à l'instar de Dip doudou guiss ou RJ Kanierra font des millions de vues sur les plateformes musicales en chantant, eux aussi, dans leurs langues locales et nationales pour certains.

TRT Afrika