Le ministère algérien de l’Enseignement supérieur prépare le remplacement du français par l’anglais comme langue d’enseignement à l’université. Après la généralisation, dès septembre 2022, de son enseignement dès la troisième année primaire, la langue de Shakespeare fera officiellement son entrée à l’université dès la rentrée 2023-2024.
Enseignée jusque-là comme une filière dans les universités du pays, la langue anglaise devra prendre une place dans l’enseignement des programmes dispensés dans d’autres filières, notamment techniques et médicales.
Cette orientation a été confirmée, le 1ᵉʳ juillet courant, par une note adressée par le ministre algérien de l’Enseignement supérieur, Kamel Beddari, adressée aux chefs des établissements universitaires. Le document officiel demande à ces derniers de se conformer aux directives de la tutelle en la matière, et ce, en mettant en place les dispositifs adéquats.
"En application aux directives du ministre, et dans le cadre de la préparation de l’introduction de la langue anglaise en tant que langue d’enseignement à partir de l’année 2023/2024, il vous est demandé l’organisation de réunions à l’effet de constituer les équipes pédagogiques selon la matière ou le module, et ce avant le départ en vacances", a précisé cette note.
Selon l’instruction, chaque équipe, dont la présidence est confiée à un membre du corps pédagogique, désigné ou élu, doit être composée d’enseignants de différents grades, dont des maîtres de conférences et assistants chargés de travaux pratiques (TP) et travaux dirigés (TD).
La supervision du dispositif, a ajouté le même document, « revient à la Commission nationale chargée du suivi et de l’évaluation du programme de formation des enseignants et des étudiants du 3ᵉ cycle en langue anglaise ». « Elle effectuera, durant ce mois de juillet, des visites aux établissements universitaires », a souligné le ministère algérien.
Cette option a été déjà évoquée par le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, qui avait affirmé « sa préférence pour la langue anglaise qui est celle des sciences ». Depuis l’indépendance de l’Algérie, malgré l’arabisation des sciences humaines, la langue française domine dans les filières techniques et médicales. Avec la décision d’introduire l’anglais dans l’enseignement universitaire, l’Algérie se dirige vers le remplacement à terme de la langue de Molière dans son système d’enseignement.
En novembre dernier, rappelons-le, le ministre algérien a appelé, via un communiqué annonçant la création de la plateforme numérique de télé-enseignement de l’Anglais, au recensement des enseignants concernés par cet apprentissage. Cette démarche prévoyait la formation d’au moins 80% des enseignants de sciences et technologie et de 100% de ceux des sciences sociales et humaines.
En janvier dernier, le même ministère a procédé au lancement de ladite plateforme. Cette dernière a été élaborée avec l’université américaine Massachusetts Institute of Technology (MIT). « L'Algérie devient le seul pays africain à se doter de cette plateforme numérique avec l’accompagnement de l’université MIT », s’est réjoui alors le ministre algérien, précisant que 30 000 professeurs suivront une formation en ligne, et pourront atteindre les niveaux B2, voire C1.