Il faut que Donald Trump "comprenne" que l'accord sur la souveraineté de l'archipel des Chagos sera bénéfique à Washington, a déclaré dimanche le Premier ministre mauricien Navin Ramgoolam, qui a dénoncé une "campagne de désinformation" aux Etats-Unis.
Après des années de négociations, Londres a accepté en octobre de reconnaître la souveraineté de l'île Maurice sur l'archipel des Chagos à condition que le Royaume-Uni y conserve sa base militaire de Diego Garcia, commune avec les États-Unis.
Mais un nouveau gouvernement a pris le pouvoir à l'île Maurice en novembre et a rouvert les négociations concernant cet accord, qui n'avait pas encore été ratifié, semblant chercher une meilleure compensation financière. Les discussions portent aussi sur la durée du bail pour la base militaire, selon Maurice.
Le texte avait également suscité des critiques de la prochaine administration Trump, dont Marco Rubio, désigné secrétaire d'État, qui a estimé qu'il constituait "une menace sérieuse" pour la sécurité des États-Unis.
Invité à dire quand l'accord sera signé, Navin Ramgoolam a affirmé dimanche qu'il faudra "prendre le temps d'attendre."
"Il y a aux États-Unis une campagne de désinformation qui affirme que nous sommes proches de la Chine, à qui nous allons permettre d'ouvrir des bases, ce qui est une fausseté totale," a indiqué Ramgoolam à l'hebdomadaire mauricien Week-End.
"Maurice est proche de l'Inde, pas de la Chine. Il faut que Donald Trump comprenne qu'en soutenant l'accord, il sécurise la base américaine à Diego Garcia", a-t-il ajouté.
Maurice n'était toutefois pas d'accord avec l'approche de Londres, qui voulait entériner l'accord avant le retour de Trump à la Maison Blanche, selon Ramgoolam.
Le Royaume-Uni, qui a annoncé cette semaine qu'il consultera l'administration américaine entrante, "a réalisé qu'il aurait été inélégant que l'accord soit signé la veille de l'entrée en fonction de Donald Trump, qui pourrait le prendre mal", a-t-il ajouté.
Selon l'accord proposé en octobre, le Royaume-Uni conserverait un bail de 99 ans sur Diego Garcia. Moyennant le paiement de 90 millions de livres sterling par an, selon les médias britanniques.
Le Royaume-Uni a conservé le contrôle des îles Chagos, achetées pour trois millions de livres en 1965, lorsque Maurice a obtenu son indépendance trois ans plus tard.
Il avait expulsé des milliers d'habitants de l'archipel pour installer cette base sur Diego Garcia, utilisée comme plaque tournante pour les bombardiers et navires à longue portée, notamment pendant les guerres en Afghanistan et en Irak.
En cas de refus de Washington de soutenir l'accord, Maurice continuera le combat mené depuis 1965 pour que les Chagos retrouvent la souveraineté mauricienne, a assuré Ramgoolam.